Les punks birmans face aux guerres religieuses

anarchOi · 11 Août 2013

Citation ↑ :

Il y a actuellement, un nettoyage ethnique à l'encontre d'un peuple musulman, les Rohingyas. Le nouveau gouvernement, ayant peur de la petite ouverture de liberté nouvelle dans le pays, s'est trouvé un exutoire parfait avec ce nouvel ennemis intérieur contre lequel lutter.
Cela lui permet également, de voir si ses réformes à l'encontre des moines, moteur des manifestations anti-gouvernementales, réussissent. En misant également sur les extrémistes (de droite), ils diminuent l'audience des autres revendications.

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Citation ↑ :

RANGOON — Les punks, en fendant la foule, ne passent pas inaperçus. Ce ne sont pas seulement les cheveux roses, les vestes en cuir ou les tatouages de tête de mort qui font de ces vingtenaires des rebelles : c’est plutôt leur volonté de dénoncer les moines bouddhistes à l’origine des violences contre les musulmans, pendant que d'autres en Birmanie restent silencieux.

«S'ils étaient de vrais moines, je ne dirai rien à leur sujet, mais ils ne sont pas », déclare Kyaw Kyaw, chanteur de The Rebel Riot, pendant que son batteur bat le rythme d'une nouvelle chanson fustigeant l’hypocrisie religieuse et un mouvement anti-musulman connu sous le nom "969".'' Ils sont nationalistes, fascistes. Personne ne veut l'entendre, mais c'est la vérité ».

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In this Tuesday, July 9, 2013 photo, Kyaw Kyaw, lead singer of punk rock band Rebel Riot, rehearses with his group members in a Yangon studio, Myanmar. (AP photo)

Les moines radicaux sont à l’avant-garde d’une campagne sanglante contre les musulmans et bien peu dans cette nation bouddhiste de 60 millions de personnes sont prêts à les critiquer. Pour beaucoup, être bouddhiste est un élément important de l’identité birmane et pour eux les moines étant les membres les plus vénérables de la société, ils sont au-dessus de tout reproche. D’autres sont simplement dans le déni ou abondent dans leur sens en voyant les musulmans comme des étrangers menaçant leur culture et traditions.

Le silence est aussi dangereux que les foules rasant les mosquées et encourageant ces actes pendant des musulmans sont chassés et battus à mort avec des chaines et des barres de fer, explique Michael Salberg, directeur des affaires internationales de la ligue Anti-Diffamation basée aux USA.
«Ce n'est pas les auteurs qui sont le problème ici», dit-il en pointant les conditions qui ont ouvert la voie à l'Holocauste en Allemagne et le génocide au Rwanda. «Ce sont les spectateurs. »

Après un demi-siècle sous la coupe d’une dictature militaire féroce, un gouvernement semi-civile a vu le jour il y a 2 ans. Celui a mis en œuvre de vastes réformes pour libérer de sa résidence surveillée le chef de file pro-démocratie Aung San Suu Kyi, relâcher les entraves à l'encontre des réunions pacifiques, ouvrir les médias et jeter les ciseaux de la censure.
Cette même liberté a été donnée aux moines comme Wirathu, un orateur charismatique et fervent supporteur du mouvement 969. Ses partisans se font de plus en plus nombreux au file de ses traversées du pays pour appeler au boycott des magasins tenus par des musulmans, au refus des mariages entre femmes bouddhistes et hommes musulmans et alertant la population sur un taux de natalité qui pourrait amener un jour la proportion des musulmans à passer de 4% à la majorité de la population.

« Tout ce que je peux vraiment dire est que le people devrait lire les enseignements de Bouddha et se demander si ce qu’il se passe actuellement correspond à ses préceptes. » Déclare Ye Ngwe Soe, le frontman de 27 ans de No U Turn, le groupe de punk-rock le plus populaire du pays. Il a écrit la chanson “Human Wars” après le déchainement de violence à l’encontre du peuple Rohingya de religion musulmane qui a démarré dans l’état d’Arakan avant de déborder dans d’autres régions. « Quand je vais dans d’autres zones urbaines, j’entends parler du mouvement 969, de la haine des musulmans, d’être violent, ça ne devrait pas se passer comme ça. »
Les experts en discours haineux expliquent que le meilleur moyen de contrer des gens comme Wirathu est de chercher les voix de bouddhistes modérés.

Mais hormis une poignée de moines et de militants de la société civile qui se sont regroupés pour des dialogues interreligieux, bien peu se propose. Les occidentaux qui travaillent en Birmanie sont souvent surpris quand leurs subordonnés birmans plutôt progressistes défendent doucement les moines ou ne disent rien lorsque la discussion tourne autour des violences religieuses.

« Je suis sûr que parmi eux beaucoup se disent que c’est une folie totale, mais ils n’osent pas le dire ouvertement, explique » Bertil Lintner, une journaliste suédoise qui a écrit de nombreux livres sur la Birmanie. « S’ils le faisaient, ils seraient attaqués par ces nouveaux nationalistes bigots, et seraient accusés d’être amis avec des musulmans.
… C’est une situation vraiment difficile. »

Arker Kyaw, un graffeur de de 20 ans a plusieurs amis—principalement des musiciens et DJs— musulmans dont les violences qui ont ravagé leurs communautés ces dernières années l’ont mis en colère.
Lui et d’autres amis de différentes religions ont mis ensemble une vidéo exprimant leur solidarité, qui disait simplement : « Ne vous en faites pas, au fond entre nous, tout sera ok ».
Mais quand on lui demande s'il n'est pas tenté de répondre à 969 quand il voit leurs autocollants et panneaux sur les murs de Rangoon, il répond: «Non, C'est très compliqué. Sur celui-ci, je pense qu'il vaut mieux pas trop s’exposer et rester plutôt spectateur. »
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Le président Thein Sein, félicité par les USA et d’autres pays pour son programme de réformes, a interdit un numéro du magazine Time mettant Wirathu en couverture avec la mention « le visage de la terreur bouddhiste », il a également sorti un communiqué démontrant son soutien au mouvement 969 et considérant le moine extrémiste comme un « fils du Bouddha ».

Avec des élections nationales prévues pour 2015, la chef de l’opposition Suu Kyi inquiète, n’a encore rien dit, explique l’analyse, il y aurait un retour de bâton dans les sondages si elle était perçue comme anti-bouddhiste.
Ce qui laisse les punks qui eux savent ce que c’est d’être considéré comme un paria.

Durant la dictature militaire, la petite communauté punk répétait et jouait en secret, souvent dans des bâtiments abandonnés à côté de voies ferroviaires ou en privé, devant de petits groupes d’amis proches. Alors que beaucoup étaient muselés par la peur constante d’arrestation et d’emprisonnement, ils ont crié sur les abus de l’armée et ont demandé pourquoi les politiques liés aux hommes d’affaires s’enrichissaient pendant que la population souffrait.

Aujourd’hui, ils partent de nouveau en guerre contre l’intolérance religieuse. Et ils ne sont pas prêts de se taire.
Kyaw Kyaw de The Rebel Riot aime dire que s’il ne peut pas changer le monde, ou la Birmanie ou même Rangoon, il peut au moins influencer ceux autour de lui.
« Ils peuvent nous arrêter, on s’en fout. » dit ce jeune de 26 ans, fils d’un officier de police. « Ou nous pouvons être attaqué par certains groupes. On s’en fout, on s’est préparé mentalement pour ça. Mais nous voulons exprimer notre point de vue. »

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Traduction par Akira de Arak

NweeL · 11 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

Je crois qu'il y a eu un reportage sur eux diffusé sur arte pendant la nuit, je vais essayer de retrouver ça.
http://www.arte.tv/fr/les-punks-de-birmanie/3841674,CmC=3836506.html
http://www.arte.tv/fr/tracks-emission-du-21-avril-2011/3841674,CmC=3841666.html
La vidéo n'est malheureusement plus disponible. C'est dommage, c'était très intéressant.

Citation ↑ :

La musique aide parfois à supporter l’insupportable. Comme au Myanmar, l’ex- Birmanie, l’un des Etats les plus répressifs au monde, où le punk vit une deuxième jeunesse. Au Myanmar, la liberté de la presse n’existe pas.

Rangoon rebaptisée Yangon,Dans un pays aujourd’hui encore écrasé par la dictature militaire, une sous-culture anarchiste se développe : le punk !

Scum, „System Holocaust“
Pour eux, je suis un malade. Tout ce qu’ils veulent, c’est me casser la gueule.

La Birmanie, officiellement rebaptisée Myanmar en 1989, est l’un des pays les plus pauvres du monde, marqué par la propagation du sida et un taux d’éducation des plus faibles. Depuis 1962, le pays est soumis à la dictature militaire. En décembre 2010, des élections libres ont eu lieu, mais la vie des Birmans n’a pas changé pour autant.

La grande majorité des Birmans n’ont jamais entendu parler du punk. Ici, leur nombre est estimé à environ 200. Dans une ville de près de 5 millions d’habitants*, c’est peu.

Kyaw Kyaw, „Rebel Riot“
Etre punk en Birmanie, ça n’a rien à voir avec être punk dans un autre pays. Aux Etats-Unis, par exemple, les choses sont nettement plus simples. Les punks ont une couverture sociale et, dans la rue, personne ne se soucie de votre look. En Birmanie, la vie de punk, c’est beaucoup plus dur. Déjà, on est très pauvres, ça pose un tas de problèmes.

De plus, les indicateurs du gouvernement ont les yeux partout, et il n’est pas bon d’attirer leur attention. La seule boutique punk du pays est discrètement installée dans un centre commercial, entre les articles de ménage et les échoppes de couture. Ko Nyan*, 41 ans, le propriétaire de la boutique, est une figure du milieu punk. Au milieu des années 90, il a été l’un des fondateurs du punk birman.

Ko Nyan Linn
J’ai ouvert cette boutique parce que je voulais créer un lien entre tous les punks de Yangon. La boutique est un point de ralliement où on peut trouver les dernières infos sur les groupes et les concerts. Jusqu’en 2001, le punk a été un mouvement essentiellement underground. Mes amis et moi, on était les seuls à être punks.

L’époque où les marins rapportaient des cassettes et des fanzines de leurs voyages aux Etats-Unis et en Europe est révolue. Aujourd’hui, Ko Nyan produit tout cela lui-même dans sa boutique. A Yangon, il est le seul à organiser des concerts de groupes punk. Ce qui n’est pas simple en Birmanie.

Scum, „System Holocaust“
La police secrète est partout. S’ils apprenaient que je suis en train de vous parler, ils me mettraient un sac sur la tête, ils m’embarqueraient et plus personne n’entendrait jamais parler de moi.

Scum sait de quoi il parle. Arrêté pour possession de drogue, il a passé six ans au pénitencier de Insein, une prison connue pour ses conditions de détention inhumaines et les tortures qui y sont pratiquées. Les souvenirs de sa détention, il les exprime grâce à ses dessins. Scum a été libéré il y a un an. Aujourd’hui, c’est la musique, avec son groupe System Holocaust, qui le maintient en vie.

Kyaw Kyaw, „Rebel Riot“
Quelle est la situation de la Birmanie aujourd’hui ? Nous avons un gouvernement d’égoïstes, sans cœur, qui fonctionne par clientélisme. La population vit dans la peur et la méfiance. On ne peut même plus avoir confiance en ses amis. Tout le monde dénonce tout le monde. Les gens donnent des coups vers le bas, mais vers le haut, ils font le dos rond. Chacun ne pense qu’à lui. C’est le règne de la corruption, de l’oppression et de l’exploitation. Ce pays, c’est l’horreur.

Dans leurs textes, les punks critiquent ouvertement le pouvoir. Et s’ils n’ont pas été arrêtés à ce jour, c’est uniquement parce que leur mouvement est encore trop confidentiel pour attirer l’attention de l’armée.

Mais qui sait ? Leur musique, exutoire de leur colère, sera peut-être la bande son d’une prochaine révolution.

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anarchOi · 11 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

merde, si quelqu'un sait ou le télécharger ca m'intéresse beaucoup !! (arte est bloqué au québec)

PapaSchultz · 11 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

Pres qu'on continue pas à me bassiner avec la religion bouddhiste ,soit disant religion de paix.

NweeL · 11 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

C'est l'émission tracks du 26 avril 2011, rediffusé le 5 juillet 2013.
Je fais des recherches de mon côté, je reposterais ici si je trouve.
C'était intéressant, ils parlaient bien de la confrontation bouddhiste et musulmane, ainsi que des violences policières qu'ils subissaient etc.

http://www.youtube.com/watch?v=hOJuDLabN5g
Il y a celui ci, mais c'est en allemand. Je ne sais plus si c'est le même que tracks mais en tout cas, certains passages ressemblent.

Ponk_as_Fonk · 12 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

Rien ne vous empêche d'envoyer un petit mail à Arte pour voir s'il y a possibilité de récupérer le reportage.

Dirtycrust · 14 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

La vidéo en allemand est bien le meilleurs reportage dont vous parliez.

Pour la source (avec quelques infos en plus) : ici

MisterRed · 15 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

le retour de dirty crust!

dirty.floi · 23 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

PapaSchultz a dit: ↑

Pres qu'on continue pas à me bassiner avec la religion bouddhiste ,soit disant religion de paix.

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de toute manière, toutes les religions se revendiquent "religion de paix"... et toutes ont perpétuées des massacres....

alors, la religion...

c'est d'ailleurs intéressant de voir le décalage entre le stéréotype occidental sur le bouddhisme ( - sa dimension politique, qui fait du daeli lama une sorte de grande figure de la résistance, tel un Jean Moulin asiatique - ou bien sa dérive publicitaire: c.a.d. par exemple ces acteurs sur le déclin comme Richard Geere qui se revendiquent bouddhistes parce que ce coté exotique et zen fait rêver la ménagère..) .. je me perd.. je disais donc: le décalage entre le stéréotype occidental sur le bouddhisme, et la réalité du terrain dans certain pays...

Le Dernier Homme · 23 Août 2013

Re : Les punks birmans face aux guerres religieuses

Oui sauf que comme le disent les keupons birmans eux-même, l'erreur des autorités bouddhiques locales est de se revendiquer des préceptes de bouddha, bien qu'en total décalage avec ses principes. Donc rien à voir avec "ouais en fait le bouddhisme c'est un gros truc de facho aussi", juste encore une preuve que le problème avec les principes spirituels se trouve toujours chez ceux qui les prêchent et prétendent les appliquer.
En long et en large, rappelons donc d'abord que le bouddhisme n'est pas une religion, mais une philosophie, et -oui!- une philosophie de paix, puisqu'elle revendique un amour inconditionnel pour tout être vivant (non je n'suis pas bouddhiste, histoire de couper court aux lèches culs démago' du forum), et ensuite que la spiritualité même quand il s'agit de religion, est une chose plus qu'utile, qui fait cruellement défaut à l'humanité, surtout contemporaine, et qui n'a pour seul défaut la standardisation de ceux qui la pratiquent. En privé c'est bien, ça aide, mais quand tu viens faire chier ton voisin à lui dire que t'as trouvé la vérité, que c'est toi qu'a raison et que si il fait pas pareil il sera puni, quitte à ce que ce soit toi qui le fasse, ben t'es qu'un gros con qu'a rien compris. Et ça vaut pour plein de trucs.

Mais que les stars Hollywoodiennes exploitent des trucs comme le bouddhisme pour le coté exotique, oui c'est ni nouveau, ni étonnant. Ca fait partie de l'acèptisation des phénomènes contestataires par la société du spectacle. Caca.

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