"Un bicot comme ça, ça nage pas". Encore une violence policière.

Je pense que la plupart d'entre vous ont déjà du voir cette vidéo, vu qu'elle a tourné partout, au point de même faire réagir en plein milieu de la nuit le flic en chef Castaner.

Taha Bouhafs on Twitter

Filmée à L'Île-Saint-Denis (93) par deux habitants et relayée par le journaliste Taha Bouhafs, la vidéo (en deux parties) montre une dizaine de flics qui, après avoir repêché un homme qui s'était jeté dans la Seine pour leur échapper après une course-poursuite, l'humilie à coups d'insultes racistes. "Un bicot comme ça, ça nage pas", sort un flic. Un autre se marre, puis lui répond "Ca coule. T'aurais du lui accrocher un boulet au pied". Une sale odeur de 17 octobre 1961. Les matraqueurs assermentés font monter leur victime dans le camion, et la violence physique fait suite aux insultes. On entend les coups sourds et les cris de l'homme, presque couverts par les rires des policiers qui ont l'air de passer la soirée de leur vie.

La police est encore plus en roue libre que d'habitude, je pense que j'apprends rien à personne. Tout le monde a du voir les vidéos du mec de Villeneuve-la-Garenne qui a failli perdre sa jambe, de Ramatoulaye d'Aubervilliers qui se fait tasée en pleine poitrine, du flic toulousain qui tabasse un homme à terre avec la muselière de son chien, et des dizaines d'autres toutes plus horribles les unes que les autres. Si ce n'est pas le cas, elles ne sont pas dures à trouver. Pour rappel, au moins cinq personnes en une semaine (du 8 au 15 avril) sont mortes dans les mains de la police (Révolution Permanente). Ajoutez à ça les blessé.e.s, les mutilé.e.s, les brutalisé.e.s... Ajoutez à ça les SDF verbalisé.e.s pour non respect du confinement. Ajoutez à ça les contrôles et amendes distribué.e.s selon l'humeur du flic et la gueule de la personne en face.

J'espère que cette vidéo, associée aux autres tournées depuis le début du confinement, marquera un tournant. Que celles et ceux qui croient encore que les flics violents représentent une minorité à distinguer du reste du corps des forces de l'ordre se réveillent. Où sont les gentils flics qui dénoncent les méthodes de leur collègues? Sur cette dernière vidéo, entend-on une seule personne s'opposer aux réflexions racistes, aux humiliations, aux coups? Non. Tout le monde à l'air de s'éclater. Le commissaire présent sur place ne trouve rien à redire. Il avait déjà été condamné à un an de prison avec sursis et un an d'interdiction d'exercer pour «abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit», après avoir laissé ses collègues de la BAC de nuit parisienne tabasser un mec, lui baisser son pantalon et son slip, et lui enfoncer un cerceau d'enjoliveur entre les fesses (Le Parisien). Rester flic aujourd'hui, vu l'intensité et la fréquence des violences policières, vu la protection systématique de la hiérarchie, et surtout vu l'impossibilité de ne pas être au courant de ces agissements, c'est montrer son soutien à cette brutalité systémique, à ces policiers violents et assassins, à cette impunité totale. Un flic, même s'il n'a jamais personnellement tué, tabassé ou humilié, mérite toute la haine qu'il peut recevoir.

Histoire de finir cette histoire en beauté, l'homme humilié et tabassé dans cette vidéo, sans-papiers, a été libéré de sa garde à vue... avec une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) au cul. Par ailleurs l'enquête sur le vol dont il était suspecté et qui a "justifié" la course-poursuite a été classée sans suite, faute de preuves.

A bas tous les flics.