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[Traduction, analyse]White punks on hope--Crass

Discussion dans 'Musique, scène punk et skinhead' créé par julejim, 15 Juin 2010.

  1. julejim

    julejim Membre actif


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    19 Août 2008
    Bonjour à tous,

    Je vous propose (donc vous pouvez m'envoyer chier) un nouveau petit jeu: traduction (pour les textes non francophones) , analyse et discussion autour de textes bien connus du milieu. Intérêts de la chose:
    -pour les groupes qui parlent une langue qu'on ne maîtrise pas, comprendre leur texte (c'est déjà pas mal :D)
    -permet de se faire une idée des interprétations possibles, quand le texte est polémique / polysémique / poétique / pas clair :D
    -approfondir ce qui mérite de l'être.

    Y a eu pas mal de discussion autour de "white punks on hope" de Crass, qu'est une chanson-étendard du groupe pour beaucoup de gens, ça me semble intéressant de commencer par celle là, sans recherche de polémique aucune, juste pour partager ce qu'on en retire et ce qu'on en ressent.

    La présente traduction a été réalisé par mes soins (j'y ai pas passé 15 heures, hein) mais peut être considérablement améliorée par nos amis bilingues. J'ai essayé de préserver le sens au détriment du reste.

    L'original:


    la "traduite":


    A mon sens cette chanson peut être découper en trois parties correspondants chacune à une strophe et élargissant à chaque fois le champ du discours.

    Le première partie cible clairement le RAR et les actions qu'il engage, rejoignant un peu involontairement (ou pas ?) le discours des clash dans "white riot": en gros les blancs ferait mieux de s'occuper de ce qui les concernent plutôt que de défiler pour une population qui peut le faire elle-même, c'est une critique d'une forme de paternalisme (selon crass) des antiracistes. Militer pour le droit des noirs doit être laisser aux principaux intéressés: les victimes du racisme qui feront ceux qu'elles jugent opportuns. Nous sommes tous des faibles aux yeux des puissants, voilà comment je comprends la dernière phrase. Les blancs feraient mieux de s'occuper de dégager le gouvernement plutôt que de faire des rassemblements les concernant de loin et de filer un coup de main au gouvernement en détournant les yeux du peuple de la source du problème. En temporisant les problèmes de racisme, on file un coup de main pour que le gouvernement soit à l'abri de toutes formes de révolte ("les noirs balancent des pavés [...]" dans white riot du clash).

    La deuxième partie élargit le discours vers les fachos de gauche, qui prennent ce prétexte (comme n'importe quel autre) pour fonder des divisions. On descend dans la rue au nom de l'antiracisme pour casser la gueule à tout ce qui n'est pas semblable au final. La division provient des chapelles qui ne servent qu'à maintenir chacun dans son camp, en dernier recours c'est celui qui a la plus grosse qui finit par arracher la victoire au prix de la division.
    Là on peut aussi entendre un sous-texte concernant les divisions au sein des mouvements de résistance: qui est crédible, qui ne l'est pas ? Etre marxiste-léniniste est-ce plus crédible qu'être marxiste-maoiste ? On titille les plus bas instincts des militants pour les garder dans le rang, il ne reste plus, pour finir qu'un fascisme de gauche, incapable de réfléchir simple exécutant d'une besogne qui occupe les mains autant que l'esprit et permet à l'élite marxiste de rester maîtresse dans sa cour.

    Enfin la dernière partie, très virulente à l'égard de la politique institutionnelle, met dans le même sac la violence de gauche et celle de droite et exprime très clairement un refus de participation au nom de la liberté. L'anarchie est au-dessus de ça semble dire le groupe. C'est l'ensemble qu'il faut combattre pour enfin accéder à la liberté.

    Pour moi on entend donc dans ce texte un discours très clair sur l'ouverture d'esprit et l'incapacité des militants de base de la politique institutionnelle (marxisme compris) à fonctionner dans un autre registre que l'obéissance. Je pense qu'il est important de ne pas faire de contre-sens, sur ce texte en tout cas, sur les premières phrases. Crass n'est pas un groupe qui accepte béatement le racisme comme un état de fait, dans ce texte le groupe exprime sa déception à voir autant de gens défiler comme des moutons contre une cause entendue, sans que personne ne s'interroge sur la plus que très faible implication des premiers concernés. Il est aussi indispensable de bien comprendre la différence ici entre l'antifascisme et l'antiracisme: l'un cible les attaques contre une (ou plusieurs) minorité, l'autre combat directement les potentiels destructeurs de toute forme de liberté, pour tous, blancs compris donc.

    Enfin pour conclure ce texte me paraît très intéressant et symbolique d'un moment dans la scène puisque Crass politise ici très clairement un mouvement qui se cherchait (et se cherche encore :D): eux prônent la liberté par dessus tout, la violence est un acte qu'on ne peut poser impunément et qui a un poids sur la liberté de chacun et , en tant qu'anarchistes, ils refusent ce moyen comme méthode. Crass ou les anarchistes individualistes de la scène punk.


    Tout ce que je décris ici est ma perception propre du morceau, par rapport à ma sensibilité. Tout ce qui est posé comme une vérité ne l'est que pour moi et je n'impose à personne d'y souscrire, en revanche je suis VRAIMENT intéressé par la façon dont chacun interprète ce texte, surtout si ça va dans une toute autre direction.

    J'éditerai le texte si quelqu'un propose une meilleure traduction.

    :a:
     
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  2. VidéoPunk

    VidéoPunk Anarcho-Patate Membre actif


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    16 Mai 2010
    Re : [Traduction, analyse]White punks on hope--Crass

    Génial ! Je peut bosser sur l'analyse, mais attendez que j'ai fait un stage de six mois en angleterre pour la traduction.

    Perso, ce qui m'intéresse c'est la dernière partie, qui m'a donnée à rélechir... Je pense que, finalement, dans l'avenir, j'éviterais de me laisser aller à mes plus bas instinct, même lors de manifestation à but révolutionnaire. Ouai, la violence n'est pas une solution...

    Si je puis dire, dans "Pogoter sur un nazi, cracher sur un juif", il font sûrement une référence rapide aux Nazipunk, ces saloperies aujourd'hui à peut près disparus.