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temoignage d un camarade en preventive a la santé

Discussion dans 'Discussion générale' créé par anar71, 27 Janvier 2011.

  1. anar71

    anar71 Membre du forum


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    16 Novembre 2010
    Lettre d?Olivier, en détention préventive depuis le 14 janvier 2011.

    Maison d?arrêt de la santé,
    21 janvier 2011,
    Nous ne sommes pas en prison pour des tags?

    Nous avons été arrêtés dans la rue, dans le quartier de Belleville, par
    la BAC. Deux patrouilles tournaient en sachant ce qu?elles cherchaient.
    Dans un sac, les flics trouvent une bombe de peinture et nos doigts sont
    un peu trop noirs à leur goût. Notre passage au commissariat ne dure pas
    longtemps, juste assez pour que les bleus sortent la panoplie de leurs
    vieilles ficelles, moins pour faire parler que pour mettre la pression.
    Dans l?après-midi du 13, ceux de la SAT-Brigade Criminelle viennent nous
    chercher, sourire aux lèvres. Il est dés lors assez clair que les tags
    ne seront qu?un détail insignifiant, un prétexte pour nous faire tomber.
    « C?est con, vous vous étiez calmé, on allait en finir avec tout ça,
    mais là vous relancez tout ». Quelques tentatives d?auditions, pour la
    forme. Avant ça, des perquisitions pour mettre à jour leurs archives de
    publication, foutre un peu de bordel. Dans les bureaux, des notes
    accrochées nous informent de plaintes déposées par la Croix-Rouge. Nous
    sommes vite fixés. Déjà, au comico du XXè, les flics parlaient d?une
    réunion exceptionnelle entre eux, après un coup de fil du 36 Quai des
    Orfèvres, concernant les dégradations sur plusieurs locaux de la
    Croix-Rouge à paris, la nuit du 11 au 12 janvier. D?autres tags ont visé
    la Maison de la Justice et du Droit, dans le Xè arrondissement. La
    Section Anti-Terroriste sur les dents pour des tags ? Il y a quelque
    chose qui cloche là-dedans. La nuit de notre arrestation, ce sont des
    tags portant des messages de solidarité avec les révoltes des dernières
    semaines en Tunisie, en Algérie, contre l?Etat, qu?il soit dictatorial
    ou démocratique. On nous interroge donc là-dessus, mais aussi sur les
    tags de la nuit précédente, sous prétexte que les thèmes seraient
    proches(c?est vrai que très peu de personnes manifestent leur hostilité
    à l?Etat?), et que des expressions comme « Crève l?Etat » reviendrait
    dans les deux cas.
    Au-delà de ces faits particuliers, on nous reproche surtout la
    continuité des activités, de notre participation à des luttes, et donc
    des liens de complicité et d?amitié tissés au cours de ces luttes. Dans
    ce contexte, la prison pour punir une violation du contrôle judiciaire
    qui nous interdisait, pour deux d?entre nous, de nous voir et de
    communiquer, a clairement pour but d?anéantir toute forme de lutte et
    d?organisation informelle qui échappe au cadre démocratique et à son
    contrôle sociale.
    L?association de malfaiteur, même si elle n?est pas formellement évoquée
    dans notre cas, reste l?obsession de ceux qui s?emparent de tout fait,
    même aussi « anodin » que des tags, des fumigènes, des affiches, pour
    les faire rentrer dans le moule « mouvance anarcho-autonome » ; Une
    construction bien pratique, pour séparer de force les uns, terroriser
    les autres, démarquer éventuellement les « leaders » des « sympathisants
    », « théoriciens » et « colleurs d?affiches », « préparateurs » et «
    exécutants », bref selon le modèle autoritaire et hiérarchique qui est
    bien celui de la société que nous combattons, et qui nous dégoûte en
    tous points. Ce genre de coups de pression, eu moment où certaines
    luttes, contre les centres de rétention et toute forme d?enfermement par
    exemple, semble marquer le pas, font office de « principe de précaution
    », afin de tuer dans l??uf toute velléité de conflictualité contre ce
    qui nous domine. Les plaintes régulières de la Croix-Rouge participent
    pleinement à cette offensive des flics, ne perdant pas une occasion de
    collaborer avec ces derniers. Main dans la main pour la gestion des
    prisons, main dans la main dans la répression des luttes
    anti-autoritaires. Un peu de peinture pour ces humanitaires aux mains
    rouges, ce n?est pas cher payé?
    Au-delà de telle ou telle pratique et moyen employé dans la lutte (
    puisque aussi bien sont évoqués incendies, destructions ciblées, simples
    dégradations, occupations collectives?), c?est la lutte elle-même et ce
    qu?elle porte en terme de désirs et de perspectives ( un monde sans
    exploitation, sans fric, sans prisons, sans Etat) que le pouvoir veut
    étouffer. Cela est tout sauf la conséquence d?un état, ou de « lois
    d?exception ». La liberté et la démocratie n?ont rien à faire ensemble.
    Il faut être un sacré menteur pour affirmer le contraire. Ce qui les
    emmerde, c?est que notre rage, nos révoltes, et nos luttes, n?ont rien à
    réclamer, rien à concéder, rien à renier, rien à mendier. Nous laissons
    tout ça volontiers aux professionnels et opportunistes de la politique.
    De même, nos amitiés, nos affinités ne sont pas négociables. La liberté
    que nous voulons est inconditionnelle.
    Un slogan de la révolte en Kabylie disait :
    « Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts ».
    L?Etat peut aussi nous foutre en taule, mais les rapports sociaux
    existants nous enferment déjà.
    Il y a une chose que nous n?oublions pas : nous n?avons qu?une vie.
    Résumons : « pas de liberté pour les ennemis du pouvoir », nous disent-ils.
    Nous leur disons : « pas de paix pour les ennemis de la liberté ».
     
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