Saguenay : Racisme et néo-nazis

La Presse:

Dans la dernière édition du Progrès-Dimanche, une page complète est réservée au phénomène du néonazisme au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Si cela semble en émergence, à en juger par la multiplication de graffitis faisant référence à cette idéologie, il ne faut surtout pas oublier le racisme « ordinaire ».

La discrimination fondée sur des préjugés et stéréotypes racistes est encore fréquente dans la région. Par exemple, dans un sondage effectué en 2010 pour la Ligue des droits et libertés du Saguenay-Lac-Saint-Jean, 92 % des 350 répondants ont affirmé qu'il y avait une discrimination envers les « minorités visibles » dans leurs milieux de travail. Les effets du racisme sont tellement intériorisés chez les personnes qui le subissent qu'une de mes amies autochtones me disait récemment : « parfois, au travail, lorsque je nomme mon nom de famille au téléphone les gens ont une drôle de réaction parce qu'il est d'origine autochtone, crois-tu que c'est possible? » Dans cet exemple, le fait à retenir c'est à quel point les personnes qui subissent des discriminations portent ces craintes en elles au quotidien et qu'elles influencent toute leur vie.

Le pluralisme culturel et religieux est une réalité incontournable au Québec de par la diversité ethnoculturelle provenant de l'immigration et par la présence historique de nations autochtones. Toutefois, les débats récurrents dans l'actualité sont significatifs de la résistance à opérer des transformations dans nos pratiques d'inclusion. Nous n'avons qu'à nous rappeler comment la crise des accommodements raisonnables, qui a débouché sur la Commission Bouchard-Taylor en 2007, était devenue un sujet brûlant soulevant de nombreuses inquiétudes quant à la survie de l'identité québécoise.

Discours

Personnellement, j'en ai marre d'entendre les discours identitaires ethniques de survalorisation de ladite culture de souche des Québécois pure laine et racistes disant que c'est à « eux autres « à s'intégrer.

Il est grand temps de reconnaître que la majorité « blanche « et francophone doit revoir sa définition de la nation québécoise dans un sens plus inclusif de la diversité culturelle et religieuse. À mon avis, toute personne vivant sur le territoire du Québec devrait être libre de vivre dans le respect de sa culture et de ses croyances. Elle devrait être libre des contraintes (pauvreté, racisme, sexisme...) qui l'empêchent de participer pleinement et activement à la vie citoyenne.

Nous sommes tous concernés par le racisme et nous avons un rôle à jouer. Il faut prendre conscience des préjugés que nous avons personnellement intégrés et s'opposer lorsque nous entendons des propos racistes. Soyons solidaires des actions et des luttes initiées par les membres des groupes minoritaires ou par les communautés autochtones. Nous avons une communauté autochtone dans notre région. Il faut créer des occasions permettant d'ouvrir des dialogues afin de se comprendre et de laisser tomber les préjugés. Demandons au gouvernement du Québec qu'il reprenne ses travaux pour mettre sur pied une politique gouvernementale de lutte contre le racisme.