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Discussion dans 'Discussion générale' créé par Nyark nyark, 10 Novembre 2008.

  1. dawa

    dawa Membre du forum


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    19 Février 2012
    salut, en ce moment je lis" larmes de sel " de Pietro Bartolo, c'est le médecin de Lampedusa qui prends en charge les migrants a leur arrivée. un mec bien, un vrai médecin humaniste.
     
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  2. freedomcat

    freedomcat Membre actif

    Salut :)

    "Rebelles" un livre de Rémi Pépin sur le mouvement squats, totos, punk, alternatif en France. Une réédition viens de sortir ce mois ci avec du bonus, pas encore lu cette nouvelle mais en tout cas la précédente édition eSt vachement bien.

    Un pote m'a prêté y'à déjà un moment "la philosophie du punk" , vraiment bien, et je me souvient que ce livre fait son poids alors pour le commander je pense que les frais de ports doivent couter bonbons :( https://www.franceculture.fr/oeuvre/la-philosophie-du-punk <<==

    1 excellent fanzine, "La Diy ou la mort" un fanzine sur le mouvement anarcho- punk avec une méga compile double CD, dedans :) http://1000flights.blogspot.com/2016/12/va-la-diy-ou-la-mort-une-compilation.html <<=

    Ramasser ses miettes, ce fanzine la aussi est à lire et écouter sans modération aucunes Brochure/compil Ramasser ses miettes - Portail Niaproun ! <<==

    Sinon, j'ai emprunté à la bibliothèque de Angers , "Nyark Nyark" un balaise de bouquin sur le mouvement punk alternatif en France, moi j'ai bien aimé en tout-cas , et là tout pareil y'à le son avec :) Les punks ne font pas les chose qu'à moitier, quand y'à a boire et manger y'à aussi à lire et à écouter ...éhéhé :punk:
     
    Dernière édition: 4 Septembre 2019
  3. dawa

    dawa Membre du forum


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    19 Février 2012
    salut tout le monde, en ce moment je lis " Brooklin follies" de Paul Auster, pas mal du tout...ciao a tutti , je vais aller m'occuper du jardin et certainement manger quelques figues, donc, bonne journée a vous tous et pour finir en beauté, une petite citation de Dostoïevski: "Plus la tête d'un homme est vide, moins elle éprouve le besoin de se remplir." ciao a tutti...dawa
     
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  4. freedomcat

    freedomcat Membre actif

    Edith Nylon, les années 80 (re)commencent
    par Patrice BARDOT
    Légende de la scène rock française du tout début des années 80, Edith Nylon a pourtant eu une trajectoire éphémère. Le groupe se reforme le temps d’un concert en janvier à Petit Bain à Paris et ses membres racontent ces temps héroïques où le rock en France en était encore à sa préhistoire.

    90 000 exemplaires, un chiffre de ventes qui aujourd’hui ferait grimper aux rideaux n’importe quel groupe de rock français. C’est la performance, pourtant pas exceptionnelle pour l’époque, réussie par les Parisiens d’Edith Nylon à l’occasion de la sortie en 1979 de leur premier album homonyme. Ces gamins alors âgés d’à peine 18 ans, fans de punk-rock, étaient emmenés par Mylène Khaski, chanteuse à la coiffure de feu inspirée par celle de la fiancée de Frankenstein, dont les paroles “sociétales” et visionnaires évoquent aussi bien les manipulations génétiques, le féminisme que le transhumanisme. Sa scansion tranchante, inspirée par les reines britanniques Siouxsie Sioux, Ari Up (The Slits) ou Poly Styrene (X Ray Spex), participe tout autant de l’originalité du groupe. Si leur musique est dominée par les guitares, les claviers inventifs balancent des flèches synthétiques en raccord avec leur époque et qui, rétrofuturisme oblige, n’ont pas pris une ride aujourd’hui. Tout comme les Nylon ? Nous n’irons pas jusque-là, mais force de reconnaître que 40 ans après leurs débuts, la foi qui les anime est intacte. Ils se sont jetés dans ce concert de reformation avec la même fougue et le même sérieux qu’à l’aube des années 80. C’est d’ailleurs dans leur studio de répétition que nous les avons rencontrés. Plus tout à fait des jeunes gens, mais toujours modernes en tout cas.


    Qu’est-ce qui vous a motivé pour remonter sur scène ?

    Mylène Khaski (chanteuse) : Il y a un an et demi, nous avons réédité tout notre catalogue en digital en collaboration avec Sony. Ce gros boulot a été le point de départ de cette reformation.

    Aram Kevorkian (claviers) : Il a fallu récupérer les droits. CBS, notre label de l’époque, est devenu Sony. Ils nous ont demandé si on avait gardé notre contrat qu’ils avaient perdu. Heureusement Mylène en avait une copie. Ils avaient ressorti notre premier album en 2001 avec le single “Femmes sous cellophane”, mais pas le second Johnny Johnny, parce qu’ils avaient perdu les bandes ! Echo Bravo, le troisième, est lui paru sur un label qui n’existe plus. Il a fallu retrouver à qui avaient été vendus les droits. Ces recherches nous ont réveillés. De toute manière, nous étions tous restés en contact. C’est un groupe familial. Zako (le bassiste, ndr) est le frère de Mylène, Albert (le batteur, ndr) leur cousin… Yann (Le Ker, ancien Modern Guy, guitariste, ndr) et moi sommes quasiment de la famille. Il y avait une envie, et puis Mylène était remontée sur scène avec des camarades de boulot aux USA.

    M : On a joué “Edith Nylon” et “Johnny Johnny”. J’ai eu l’impression que le temps n’était pas passé. Dès le lendemain, j’ai appelé les autres et je leur ai dit : “OK les gars, je peux le faire.” Et du coup, on répète depuis un an. Bon, j’habite aux États-Unis alors ce n’est pas non plus tous les jours. (rires)

    Quel était votre background musical avant Edith Nylon ?

    M : J’avais 16 ans quand on a commencé. Zako avait une formation de guitariste, moi zéro pointé à part la chorale de Noël.

    A : C’était les années 70, on écoutait Bowie, Lou Reed.

    M : On était allé à Londres voir tous les groupes de punk et on s’est dit qu’on pouvait nous aussi le faire. Siouxsie sur scène m’a énormément inspirée.

    Zako Khaski : On a commencé, Albert et moi, sans Mylène, qui nous a rejoints un peu plus tard avec Christophe, le guitariste. On jouait sur des barils de lessive et naturellement, on s’est intéressés aux morceaux à deux accords. Genesis, qu’on écoutait comme tout le monde à l’époque, c’était inatteignable comme niveau. Lou Reed et le Velvet nous semblaient possibles.

    M : On essayait de faire des reprises, mais ça ne collait pas et on s’est mis à composer. Pareil avec l’anglais. Nous avions essayé pour imiter les groupes qu’on aimait, mais cela n’avait pas d’intérêt et on est vite parti sur le français, avec des textes qui signifiaient quelque chose. Puis c’est allé très vite. On a donné quelques petits concerts, CBS nous a vus à l’occasion d’un tremplin organisé par Hollywood Chewing-gum et nous a signés.

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    Crédit photo : DR

    Très rapide pour un jeune groupe français en 1979, ça veut dire quoi ?

    Z : Le premier album s’est vendu à 90 000 exemplaires, c’est énorme aujourd’hui, mais pour l’époque, ce n’était pas extraordinaire. Dans ces années-là, CBS avait plein d’argent grâce au succès d’Annie Cordy. Patrice Fabien (disparu en 2008, ndr) était l’un des directeurs artistiques et il nous a pris sous son aile. C’est lui qui nous a signés, managés. Il avait produit de la variété française, mais était très attiré par le rock. Il nous a rencontrés dans un concours en Normandie pendant ses vacances. On s’y était inscrit, pensant qu’on aurait moins de concurrence qu’à Paris. Il nous a demandé notre numéro de téléphone, mais il n’a pas appelé tout de suite. Loin de là.

    M : Et puis un jour, alors qu’on était en plein déménagement et qu’il ne restait que le téléphone dans l’appartement, notre mère, qui avait oublié quelque chose, est remontée et c’est là qu’il a sonné !

    Vous étiez encore lycéens ?

    M : Oui, et c’était compliqué ! Pour le premier album, on ne pouvait enregistrer que pendant les vacances scolaires. J’ai raté mon bac une première fois. J’étais en C, c’était costaud.

    Comment réagissaient vos familles ?

    Z : Nous sommes issus d’une famille d’immigrés. Pour eux, on devait s’intégrer de la manière la plus traditionnelle possible.

    M : Mais en fait, on s’est beaucoup mieux intégré comme ça.

    1979–1980, c’est un peu la préhistoire du rock en France, il y avait encore peu d’infrastructures, c’était handicapant ?

    M : Chez CBS, notre label, le seul autre groupe de rock était Trust. Les autres artistes maison étaient Julio Iglesias et Mireille Mathieu. En Angleterre et aux USA, un jeune groupe pouvait envisager de faire une carrière dans le rock, mais en France, c’était difficilement imaginable. Les choses ne se sont structurées que dans les années 90.

    A : Téléphone et Trust ont marché rapidement, mais les autres groupes ne rencontraient qu’un succès critique. C’était avant Les Rita, Indochine ou Niagara qui ont connu, eux, un véritable succès public. L’industrie du disque ne savait pas encore développer un groupe comme nous sur le marché français.

    Est-ce que vous vous définissiez comme punk ?

    M : Rock, plutôt.

    Z : Un peu punk quand même dans la mentalité. On pouvait être très destructeur à l’époque. On était clean côté drogues, mais pas au niveau de l’attitude. Quand on allait chez CBS, on les traitait de connards, on allait loin dans la surenchère pour s’amuser.

    M : Bizarrement, on nous reprochait parfois d’être trop clean, car on ne se droguait pas. On était plus jeune que les autres groupes.

    Yann Le Ker (guitariste) : Comme tous les groupes qui ont duré, les Nylon étaient avant tout des musiciens qui bossaient dur, avec comme modèle les Anglais de Magazine (le groupe d’Howard Devoto, qui lui aussi utilisait beaucoup les claviers, ndr).

    A : Grosses guitares et synthés mélodiques, c’est ce qui a rendu notre son intemporel. Sans oublier la modernité des textes de Mylène.

    Justement Mylène, les thèmes de tes chansons, comme le transhumanisme, les manipulations génétiques, la conquête spatiale, sonnent toujours très actuels.

    M : J’écrivais beaucoup sur la condition des femmes, je parlais aussi des questions d’immigrations, des guerres. Il se passait plein de choses, c’était la fin de la guerre froide. On n’imaginait pas faire du rock sans vouloir chercher à dire quelque chose. The Clash et leur conscience citoyenne ont été une grosse influence. Les chansons étaient en quelque sorte une tribune. Dans notre répertoire, il n’y a qu’une chanson d’amour, “Le meilleur des amours”, et elle parle des sentiments dans un monde futur.

    Y : L’écriture des Nylon était plus mature que beaucoup d’autres groupes de l’époque. Ils avaient du style, mais surtout des chansons.

    Vous avez enregistré votre deuxième album Johnny Johnny à Londres chez vos idoles de The Clash.

    M : On enregistrait en même temps qu’ils faisaient Sandinista. Mick Jones (chanteur, guitariste de The Clash, ndr) a chanté sur “Johnny Johnny”, on les a aidés à traduire une chanson pour Ellen Foley (chanteuse, actrice et petite amie de Mick Jones à l’époque, ndr). Topper (Headon, batteur de Clash, ndr) est venu faire des percussions.

    Z : Ils avaient tous leurs instruments dans le grand studio et un soir en cachette, on les a pris pour jouer. Ce qui sortait c’était le son de London Calling. On a été The Clash quelques minutes !


    Aviez-vous réfléchi longuement à votre identité visuelle, qui était très forte ?

    Z : Les looks, les pochettes, le graphisme, c’était super important. Pour certains d’entre nous, c’était même 80 % de leur temps, debout devant la glace, comme des gravures de mode. On voulait le contrôle total de notre image. La seule fois qu’on a laissé CBS faire un truc, c’était horrible : “Edith Nylon un pied d’acier dans un bas nylon.” On leur a dit de ne rien sortir sans notre accord. Christophe, notre guitariste, était graphiste. Il a beaucoup contribué à créer notre image.

    M : Mais il ne faut pas oublier l’apport de Jean-Baptiste Mondino, qui a réalisé toutes nos photos et nos pochettes. Le rock, c’est aussi avoir un look fort.

    Aviez-vous beaucoup de relations avec les autres groupes de l’époque ?

    M : Pas vraiment, nous étions concentrés sur notre groupe et notre public. Pas sur ce que les autres faisaient.

    Albert Tauby (batteur) : Nous n’étions pas des fêtards. On n’allait pas aux Bains ou au Rose Bonbon tous les soirs, et du coup, on s’est retrouvé en périphérie du reste de la scène. Bien sûr j’aimais faire la fête, mais je voulais surtout faire notre musique. On était des bosseurs, on répétait tous les jours, ce qui n’était pas le cas de tous les groupes.

    Mylène, est-ce que tu étais le leader d’Edith Nylon ?

    M : Pas vraiment, il y avait une certaine forme d’identification, il arrivait qu’on m’appelle Edith, mais le travail était collectif.

    A : Les gens reconnaissaient le groupe grâce à Mylène. C’est elle qui l’incarnait, comme tout chanteur à vrai dire, même si son aisance sur scène ou sa coiffure faisaient qu’elle attirait les regards.


    Quand votre deuxième album est sorti, cela s’est-il aussi bien passé que pour le premier ?

    Z : Non, nous avons commencé à avoir des frictions avec CBS. Patrice Fabien, qui nous avait signés, était sur le départ. Johnny, Johnny (1980) est sorti sans un gros investissement marketing, d’autant plus que nous avions fait l’erreur de sortir le single “Femmes sous cellophane” et l’EP Quatre Essais Philosophiquesavant cet album. CBS avait du mal à nous suivre. Cela a dispersé le budget de promotion sur plusieurs sorties plutôt que tout concentrer sur la plus importante, le deuxième album.

    Z : Après cette sortie plantée, nous avons décidé d’un commun accord de quitter CBS. Au même moment, Albert et moi avons quitté le groupe. Des disputes comme il en arrive tout le temps dans un groupe. Il y a prescription.

    A : C’est comme ça que je suis entré dans Edith Nylon pour le troisième album Echo Bravo, mais en étant un peu triste de ne pas rejoindre la formation d’origine que j’avais tellement aimée.

    M : Il n’y avait pas un bon environnement pour le rock en France à l’époque. On débutait un groupe par passion, mais, même si cela marchait un peu, on se rendait vite compte qu’il n’y avait pas beaucoup d’avenir. Les groupes de rock s’arrêtaient aussi vite qu’ils avaient commencé. Edith Nylon a encore continué le temps d’un album, mais sans grand espoir d’aller plus loin.

    A : On s’est éclaté, mais quand on analyse rétrospectivement c’était un sacerdoce de faire du rock en France. D’autant que le tribut à payer à cette musique est terrible, quand on voit ce qui est arrivé aux membres de Taxi Girl et à tant d’autres groupes de l’époque.

    Yan : Philippe Pascal (chanteur de Marquis de Sade, récemment disparu, ndr) a dit une chose très vraie : les groupes de rock de cette époque sont tous des échecs. Artistiquement, ils sont très créatifs, mais commercialement, ils ne marchaient pas du tout.

    Avant l’année dernière, vous n’aviez jamais eu envie de revenir ?

    Z : Albert, Laurent (guitariste, ndr) et moi avons toujours plus ou moins joué ensemble.

    M : Moi, je me suis vraiment arrêtée en revanche. J’ai repris mes études (Sciences Po Paris dans la même promotion que François Hollande, ndr) et je suis partie vivre à l’étranger. Je suis restée onze ans en Asie entre Hong Kong et Singapour. Puis, je suis allée à New York où je travaille encore aujourd’hui dans l’aviation.

    Comment expliquez-vous la nostalgie actuelle pour les groupes des années 80 ?

    Y : Ce sont des cycles. Dans les années 80, on était nostalgique des années 60. Aujourd’hui, on se souvient que les années 80 étaient une époque charnière qui explosait de créativité dans la musique, le cinéma, le graphisme, la mode…

    A : Quand on entend les synthétiseurs de Metronomy, de Tame Impala, de Temples, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas très éloignés de ce qu’on faisait à l’époque.

    M : Mais on ne revient pas à cause de ça.

    A : Le concert a été complet rapidement. On reçoit des témoignages émus de gens qui nous écoutaient, mais n’avaient pas pu nous voir à l’époque. On a de nouveaux titres, on va sans doute en jouer quelques-uns et on verra bien où cela nous mènera.

    Edith Nylon sera en concert à Petit Bain le 17 janvier 2020.

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    Crédit photo : Frédérique Veysset

    Par Patrice Bardot et Alexis Bernier

    Via Edith Nylon, les années 80 (re)commencent - TSUGI
     
  5. dawa

    dawa Membre du forum


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    19 Février 2012
    Salut à tous, en ce moment je lis et c'est du pur bonheur, " Le poids du papillon" d'Erri de Luca et c'est magique, un petit bouquin de rien du tout, mais d'une rare intensité.J'avais adorer "Montedidio" du même auteur, du coup, je lis tout ce qu'il a écrit. ciao a tutti et pour finir, une petite citation de O. Wilde, " vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contente d'exister. et bien pas moi...foutons le DAWA.
     
  6. dawa

    dawa Membre du forum


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    19 Février 2012
    salut, en ce moment, je lis un bouquin trouvé dans une brocante, d'habitude je ne lis pas des polars, mais bon, le titre du livre " la jambe gauche de Joe Strummer" (the best), pour la modique somme de 1 euro, j'ai pas hésité, plaisant, sans plus. ciao a tutti dawa et pour finir, une petite citation; "A force de vouloir rentrer dans le moule, on finit par ressembler a une tarte." (proverbe chinois VII ème siècle.)
     
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  7. KANAL

    KANAL Uploadeur Membre actif


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    14 Juin 2019
    Homme
    Bessèges
    En train de relire "Zapata est vivant - l'insurrection des indigènes du Chiapas racontée par eux-même".
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  8. Surfing bird

    Surfing bird Nouveau membre


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    13 Novembre 2018
    Homme
    Centre de la France
    Hello, même avis sur ce roman, trouvé aussi d'occasion pour à peu près le même prix. Caryl Ferey a sorti de bien meilleures fictions, je recommande Mapuche, un truc qui tord les tripes.
     
  9. dawa

    dawa Membre du forum


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    19 Février 2012
    salut, merci pour l'info, je vais suivre ton conseil, ciao a tutti dawa
     
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  10. freedomcat

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    FÉMINISME, JUSTICE PÉNALE, CORONAVIRUS ET RÉVOLTES DANS LES PRISONS

    Entretien avec Gwenola Ricordeau

    paru dans lundimatin#238, le 13 avril 2020


    Dans le cadre de la série d’articles intitulée Coronavirus et confinement, les rédacteurs et rédactrices d’Harz-labour ont interviewé Gwenola Ricordeau à propos de son dernier ouvrage, Pour elles toutes : Femmes contre la prison. « Cet entretien fut l’occasion d’aborder plusieurs des sujets traités dans son livre, pour en faire un résumé à l’usage de ceux qui ne l’ont pas encore lu, mais aussi pour demander des précisions et tenter d’aller plus loin. Nous avons aussi, bien entendu, échangé à propos de la situation inédite dans laquelle nous sommes plongés, et des révoltes en cours dans les prisons. »

    Bonjour, et merci d’avoir accepté cet entretien. D’abord, dans cette situation particulière, comment vas-tu ?
    J’habite depuis deux ans et demi en Californie du nord, dans un comté rural. Le 19 mars, l’État de Californie a ordonné le confinement de la population, qui est moins strict qu’en France. Une semaine auparavant, l’université où j’enseigne était passée « en ligne ». Ça fait donc maintenant plus de trois semaines que je suis confinée. J’ai la chance de passer ce confinement dans de bonnes conditions matérielles, même si l’incertitude qui plane sur la possibilité de me rendre en France dans les mois à venir me pèse beaucoup. Bien sûr, j’ai beaucoup de sujets d’inquiétude, à commencer par mes proches, mes ami.e.s, mes étudiant.e.s... Alors, comme beaucoup de personnes qui ont la chance de pouvoir être confinées, mon temps est souvent aspiré par l’angoisse, le flux ininterrompu d’informations, la tristesse et la colère que celles-ci suscitent – tout cela entrecoupé de « trêves », quand mes activités professionnelles me procurent un sentiment de quasi normalité.
    Si nous faisons tou.te.s face à un événement inédit à l’époque contemporaine, nos ressources pour y faire face sont inégales. Les États-Unis sont un pays particulièrement inégalitaire et la situation des personnes les plus vulnérables me préoccupe beaucoup : les travailleur.ses précaires, les personnes sans titre de séjour valide, les SDF (qui sont nombreux ici avec l’explosion des prix des logements dans la région de San Francisco), etc. – et puis bien sûr les prisonnier.e.s. À travers mes étudiant.e.s, qui pour beaucoup sont d’origine latino-américaine et/ou les premier.e.s de leur famille à suivre des études supérieures, je vois déjà la catastrophe sociale en cours : beaucoup ont déjà perdu leur emploi ou travaillent dans des conditions qui ne leur assurent pas une protection adéquate.

    L’inégalité des ressources est frappante au niveau local : dans mon comté, nous avons eu, il y a seize mois, Camp Fire, l’incendie le plus dévastateur qu’ait connu la Californie. Plus de 20 000 personnes ont perdu leur logement et cette catastrophe a affecté beaucoup d’aspects de nos vies. Nous avons vécu des semaines avec des masques et l’incertitude persiste des conséquences pour notre santé d’avoir vécu aussi longtemps dans une fumée épaisse. Beaucoup de personnes vivent encore dans de l’habitat précaire. Mais je retiens aussi de cette catastrophe sociale les incroyables élans de solidarité et de multitudes de formes d’auto-organisation – et c’est une source d’espoir.

    Pourrais-tu développer sur ces formes d’auto-organisation ?
    L’ouragan Katrina en 2005 et le fait que les communautés africaines-américaines en Louisiane ont été affectées de manière disproportionnée, car laissées à l’écart des aides fédérales et étatiques, ont inspiré le Mutual Aid Disaster Relief. Ce mouvement éduque et fournit des ressources pour s’auto-organiser lors des catastrophes « naturelles ». Ce mouvement existait déjà localement, avec le North Valley Mutual Aid, lorsque le Camp Fire s’est produit. Aujourd’hui, aux États-Unis, il y a plein de groupes de ce type (une autre liste ici). Le collectif qui existe dans ma région organise des collectes/distribution de nourriture et d’autres produits essentiels (notamment pour les SDF qui se retrouvent dans des lieux d’hébergement, mais sans ressources), il propose aussi des interventions dans des contextes de violences domestiques – ce qui permet d’éviter le recours à la police. Autre exemple d’auto-organisation dans le contexte de l’épidémie : ce guide pour les prisonniers et leurs proches.
    Ton livre Pour elles toutes. Femmes contre la prison est assez décapant, dans sa manière de traiter des diverses façons dont les femmes sont affectées par le système pénal et par la prison. On est surpris par la diversité des thèmes traités, à tel point qu’on a presque l’impression à la lecture qu’il y a plusieurs livres en un. Peux-tu nous dire ce qui a motivé ton choix de développer dans le même ouvrage la critique du féminisme dominant qui considère que la prison est la solution face aux violences sexistes et sexuelles, et la situation des femmes face à la prison (détenues ou épouses de détenus) plutôt que de le faire dans deux ouvrages différents ? Peut-être peux-tu nous parler du parcours qui t’a mené à l’élaboration de ce livre ...
    Chacune de ces questions (la critique du « féminisme carcéral » et ce que fait le système pénal aux femmes) mériterait un livre à part entière – et sans doute pas qu’un seul. Mais j’ai fait le choix de traiter toutes ces questions en un seul livre car je pense que si les courants dominants du féminisme privilégient autant l’outil du pénal, c’est parce qu’ils sont portés par des femmes qui ignorent, du fait de leur position sociale, les effets du système pénal sur une large partie de la population, en particulier les milieux populaires et les personnes issues de l’immigration et de l’histoire coloniale.
    En fait, ce livre est le résultat d’un long parcours : ça fait vingt ans que je suis abolitionniste ! Il est le fruit d’années de discussions, de participation à des débats… Ce parcours militant s’est aussi nourri de ma carrière académique et de ma connaissance des débats et luttes abolitionnistes en Amérique du Nord. Comme j’aborde dans ce livre des sujets qui sont encore assez peu discutés en France, je le conçois comme une invitation au débat – et à l’écriture d’autres livres !

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    En tant que militante pour l’abolition du système pénal, tu critiques un certain féminisme qui, face à l’ampleur des violences sexistes et sexuelles et à l’impunité de la majorité de leurs auteurs, appelle à la création de nouvelles infractions, au durcissement des peines, à la suppression des délais de prescription, ou à une application plus ferme par les tribunaux des lois existantes. Tu reviens sur les trois arguments principaux qui cherchent à légitimer le système pénal, à savoir la dissuasion, la rétribution, et la réhabilitation. Peux-tu nous en dire plus, pour ceux et celles qui n’ont pas (encore) lu ton livre ?
    L’abolitionnisme pénal part d’un constat : au regard de ses prétendues missions, le système pénal fonctionne assez mal. Il est censé prévenir la commission d’infraction (c’est sa fonction dissuasive), mais les tribunaux sont remplis de personnes sur lesquels la dissuasion n’a manifestement pas eu d’effet. Le système pénal est aussi censé permettre la réhabilitation des auteurs d’infraction – or la formule selon laquelle « la prison est l’école du crime » dit bien le peu de crédit qu’on accorde généralement à la prison en la matière. Par contre, le système pénal remplit bien sa fonction rétributive ou punitive – c’est-à-dire, l’idée que certaines infractions « méritent » d’être punies. Or l’abolitionnisme pénal soutient que les approches punitives des infractions fonctionnent mal – en plus d’être philosophiquement discutables.
    Tu écris que la manière dont un certain nombre de mouvements féministes cèdent au populisme pénal en développant des revendications qui, si elles étaient satisfaites, impliqueraient l’incarcération de centaines de milliers d’hommes, tient essentiellement à leur caractère réformiste. Il ne nous semble pas évident d’expliquer ces revendications par le seul caractère réformiste et non révolutionnaire de ces mouvements. On peut aussi y voir un choix politique, sécuritaire et punitif, en phase avec l’air du temps … Car ne pas croire en la révolution et chercher à améliorer le système existant n’empêche pas en soi de préférer mettre en avant d’autres options que celles de la justice pénale pour faire face aux violences des hommes envers les femmes, qu’elles soient liées à l’éducation des garçons, à la possibilité ou à l’obligation de soins ou de participation à des groupes de parole pour les hommes qui ont commis des violences, à l’égalité économique et sociale pour que les femmes ne soient plus dépendantes des hommes, etc.
    J’entends ta remarque… Peut-être que j’aurais dû écrire « petit-bourgeois » plutôt que « réformiste ». On revient en fait ici à la question de la composition sociale des organisations qui constituent les courants dominants du féminisme. Les femmes des classes populaires, celles issues de l’histoire de l’immigration et de la colonisation savent pertinemment, et souvent intimement, que le système pénal nuit aux pauvres et aux personnes racisées.
    Les différentes paroles féministes qui s’expriment actuellement arrivent, pour un certain nombre, à faire tenir ensemble la dénonciation de la sur-représentation des précaires ainsi que des noirs et des arabes dans les condamnations judiciaires et à demander plus de répression pour les « violeurs » blancs, comme si le problème de la justice pénale était seulement son racisme ou son iniquité ...
    L’idée que la justice (ou la police) pourrait être juste, qu’on pourrait corriger son racisme ou son sexisme, est en effet fait assez répandue. C’est d’ailleurs ce qui explique que certains mouvements pensent pouvoir mettre le droit au service de l’avancement de leurs causes et se lancent dans des batailles légales. Contre l’idée d’un système pénal dont il faudrait corriger les « défauts », qui « fonctionnerait mal », les analyses abolitionnistes disent : le système pénal fonctionne très bien si on comprend qu’il fait intégralement partie du système capitaliste et qu’il est donc foncièrement un outil de répression – ou de « discipline » si on reprend les analyses de Foucault – des classes populaires et des minorités ethniques. C’est même l’illusion de la possibilité d’une police non raciste, d’une police qui n’abuserait pas de l’usage de la force, qui est aussi répandue, et elle est bien évidemment dénoncée par l’abolitionnisme pénal.
    On peut plus largement observer dans le féminisme français un certain désir de police, étatique ou non. Par exemple, quand, plutôt que de chercher à développer une attention aux uns et aux autres et à se mettre en jeu par les rencontres, on tend à vouloir réguler à tout prix les comportements par des jeux de règlements intérieurs dans les lieux d’organisation, quand on met en place des services d’ordre visant à imposer les normes et les codes d’un petit milieu dans des safe spaces, où l’on distinguera les personnes « safes » de celles étiquetées comme « problématiques ». Cette volonté de recréer toujours plus de normes, et le fait que quelques personnes se chargent de les faire respecter de manière coercitive, n’est-elle pas directement inspirée par les fonctionnements policier et judiciaire, et/ou n’en n’est-elle pas une reproduction ?
    Je sais qu’il est courant, dans les milieux libertaires, d’aspirer à moins de règles ou de normes. Mais il faut s’entendre… En tant que sociologue, je sais que tous les espaces et tous les groupes humains ont des normes et des manières de les faire respecter, parfois de manière subtile. Un bon exemple de cela est le rire, qui peut signaler un écart à une norme ou un jeu avec celle-ci. Une fois qu’on a dit cela, que penser des safe spaces ? Qu’ils sont censés répondre aux besoins de certains groupes d’un entre-soi et d’une gestion collective de certains types d’agression. Mais on sait que les safe spaces ne sont pas toujours « safe » et qu’ils peuvent être des lieux où les personnes subissent des formes graves de victimation car elles se croient justement protégées. On peut reprocher aux safe spaces d’être pensés comme justement des « espaces », alors que la sécurité est surtout une question d’interactions entre des « personnes » et des « ressources » de chacun.e. On peut aussi critiquer la tendance à qualifier certaines personnes de « safe » ou de « pas safe » : Louk Hulsman, qui a beaucoup contribué à l’abolitionnisme pénal à partir des années 1970, soutenait qu’on ne pouvait pas parler de « personnes problématiques », mais seulement de « situations problématiques ». Manière de souligner que nous sommes toujours parties prenantes de ces situations, en particulier si on considère des rapports de domination structurels comme le patriarcat ou le racisme. Mais on doit reconnaître que la mise en place de ces espaces safe et les discussions qui les entoure ont permis, dans certains milieux militants, de rendre visible des actes sexistes, racistes, homophobes, validistes, etc.
    Quant aux pratiques coercitives que tu évoques, je ne sais pas bien. Car en une vingtaine d’années dans ces milieux, la pratique coercitive que j’ai le plus souvent vu employée est l’exclusion (d’un lieu ou d’une organisation). C’est une mesure qui peut être sévère pour un individu ayant peu d’autres espaces de sociabilités et qui généralement ne s’accompagne pas d’autres mesures. Ce qui n’est pas très satisfaisant puisqu’on ne s’assure pas que cet individu ne reproduira pas les mêmes comportements plus tard et ailleurs. Pour autant, je pense qu’il faut mener la critique de ces pratiques de manière constructive : force est de constater que l’énergie souvent dépensée contre ces pratiques est souvent sans commune mesure avec l’effort qui est fait pour proposer d’autres manières de faire, pour s’investir auprès des personnes ayant causé du tort, etc. En clair, j’ai souvent vu des hommes passer davantage de temps à insulter des femmes qui avaient exclu un agresseur sexuel et à les comparer à des policiers et à des matons qu’à proposer de se former à la justice transformative et à s’investir dans la prévention des violences sexuelles.

    Et que penses-tu du fait que ces derniers temps, dans le cadre de la lutte contre les féminicides, de nombreuses organisations féministes ont revendiqué la mise en place d’un « bracelet anti rapprochement », en insistant sur le fait que nombre d’hommes tuant leur ex-conjointe avaient auparavant été l’objet d’une plainte, voire déjà condamnés ?
    Les « bracelets anti-rapprochement » entraînent certainement une diminution des violences contre les femmes qui les portent. On observerait une diminution similaire si ces femmes étaient protégées en permanence d’un policier ou si leur agresseur était en prison. De la même manière si, à mon domicile, j’ai une porte blindée plutôt qu’une simple porte, que je ferme ma porte plutôt que de la laisser ouverte, je diminue le risque d’être cambriolée. Personnellement, je trouverai un peu déraisonnable, là où j’habite, de laisser ma porte ouverte. Pour autant, quand je ferme ma porte, je sais bien que je ne change rien aux inégalités sociales qui font que des gens pourraient vouloir me cambrioler. Je fais cette comparaison, certes un peu facile, car il est important de souligner que la question n’est pas ici celle des femmes qui bénéficient d’un « bracelet anti-rapprochement ». L’abolitionnisme ne consiste pas à dénigrer le besoin de sécurité des individus.
    Mais la mise en place de « bracelets anti-rapprochement » soulève quelques questions. Quels sont les effets du recours à ce type de peine ? Il faut d’abord noter que les « bracelets anti-rapprochement » peuvent donner aux femmes qui le portent un faux sentiment de sécurité. Ensuite, on peut questionner de faire dépendre la sécurité des femmes de la technologie plutôt que de réponses sociales. D’ailleurs, les recherches sur les mesures de surveillance électronique (comme le placement sous « bracelet électronique ») sont très réservées sur les effets de celles-ci sur la récidive. Plus généralement, le développement des techniques de surveillance électronique, décrit notamment par Jackie Wang dans Le Capitalisme carcéral, parce qu’elles sont faciles à faire accepter socialement, contribue à une extension de la sphère pénale.

    En prenant l’exemple des États-Unis, tu écris que le durcissement des lois réprimant les violences conjugales a même aggravé la situation de certaines femmes …
    En effet, à partir des années 1980 et 1990, de plus en plus d’États ont mis en place des politiques d’arrestations systématiques des auteurs en cas de violences domestiques. Mais ces politiques se sont traduites par l’augmentation des poursuites à l’encontre de femmes dans des situations de violences conjugales dans lesquelles elles se défendaient ou défendaient leurs enfants. Ce sont en particulier les femmes des milieux populaires et les femmes racisées qui se sont retrouvées à être davantage criminalisées encore que par le passé. Par ailleurs, certaines femmes osent encore moins appeler la police car l’auteur des violences ou elles-mêmes sont en situation irrégulière ou engagées dans des activités illicites. Le durcissement des politiques pénales et migratoires leur fait courir des risques accrus ou elles craignent des effets disproportionnés de l’intervention de la police sur l’auteur des faits (par exemple son expulsion s’il est sans titre de séjour valide). Le travail de Beth Richie, et notamment son livre Arrested Justice : Black Women, Violence, and America’s Prison Nation, a été très important dans la dénonciation des effets sur les femmes noires de ces politiques censées protéger les femmes.
    Face au constat de plus en plus largement partagé que les femmes ne bénéficient pas du durcissement des politiques pénales en matière de violences domestiques, il y a des appels a les décriminaliser, comme le recommande de Leigh Goodmark dans Decriminalizing Domestic Violence. Celle-ci soutient que la criminalisation des auteurs et la précarité sociale qui en résulte met davantage les femmes en danger qu’elle ne les protège.

    Tu écris que « la figure du pédophile a servi de prétexte à de nombreuses innovations pénales en Occident, à commencer par le fichage d’un nombre croissant de personnes », fichage qui s’est ensuite étendu à une part de plus en plus importante de la population. Tu mentionnes aussi la création d’infractions liées non pas à des actes mais à la simple connexion sur des sites internet, qui a d’abord concerné les sites pédopornographiques, avant de s’étendre à tout un ensemble de sites dans le cadre de la lutte antiterroriste … En plus de pointer ce que la figure du pédophile a permis en termes d’innovations pénales, tu critiques aussi la panique morale, les réflexes punitifs, et le peu d’élaboration sur le sujet. À propos des fantasmes sexuels concernant des enfants (dont tu nous apprends que des études montrent qu’ils concerneraient jusqu’à 2,4% de la population adulte), tu notes que « beaucoup de personnes ayant des fantasmes pédophiles ne passent jamais à l’acte et ont même conscience de la nature problématique de ces fantasmes. La rareté des ressources offertes aux personnes qui souhaitent être aidées est en grande partie imputable au caractère punitif de l’approche de ce sujet qui a été choisie ». Tu notes cependant que « des évolutions positives sont à souligner dans certains pays européens ». Peux-tu nous renseigner sur ces évolutions positives, et donner des exemples d’accompagnement de ces personnes ?
    Il y a eu, ces dernières années, quelques brèches, y compris dans l’espace public, pour faire entendre qu’il était important de proposer des ressources aux personnes ayant des attirances sexuelles pour les enfants et que toutes les personnes ayant ce type d’attirance ne commettent pas de violences sexuelles sur les enfants. Je pense aux documentaires I, Paedophile ou The Paedophile Next Door. Il existe plusieurs initiatives, comme Troubled Desire ou Virtuous Pedophiles, qui travaillent à aider les personnes ayant ce type d’attirance. En France, il existe cette plateforme et il y a un numéro vert qui a été mis en place.
    Tu écris que l’abolitionnisme pénal refuse de réifier les catégories de « victimes » et d’« agresseurs ». Malheureusement, il nous semble qu’en pratique il n’y a pas toujours une adéquation entre l’opposition au système pénal et le refus des catégories qu’il produit. On peut, par exemple, régulièrement entendre des militants pourtant opposés en théorie au système pénal, reprendre une définition de l’agresseur issue de l’anthropologie négative qui légitime le recours à la punition comme dissuasion, celle d’un agresseur conscient de ses actes, souhaitant nuire volontairement et attendant le moment opportun pour cela, évaluant ses intérêts, calculant les risques et les bénéfices… On pourrait aussi parler de la popularité des discours sur les « pervers narcissique » jusque dans des milieux libertaires, pseudo-concept pourtant issu de la criminologie la plus réactionnaire...
    La critique des catégories de « victimes » et d’« agresseurs » est un aspect important de l’abolitionnisme pénal, car ces catégories affectent nos manières de penser le tort commis, mais aussi la façon dont nous y répondons. Comme Louk Hulsman l’a abondamment rappelé, ces catégories reposent sur le préjugé de la responsabilité individuelle et elles assignent les individus à un acte qu’ils ont commis ou subi. Cette critique qu’on peut faire de ces catégories est d’ailleurs la raison pour laquelle, notamment dans le champ militant, le terme « survivante » est de plus en plus souvent préféré à celui de « victime » en matière de préjudices sexuels. Je pense néanmoins que les termes d’« auteurs », d’« agresseurs » ou « victimes » ont encore un intérêt dans des contextes de violences interpersonnelles, notamment commises dans l’intimité, afin de répondre au besoin de victimes que soient reconnues les violences qu’elles ont subies.
    Abandonner les catégories pénales et les manières de penser qui y sont associées n’est pas une mince affaire. Il ne s’agit d’une simple question de vocabulaire. L’enjeu est celui de la mise en œuvre d’une responsabilité collective dans la prise en charge des violences et d’autres types de préjudices.

    Le terme « survivante » ne vient-il pas à son tour recréer des catégories similaires en individualisant celle qui a vécu l’agression ? Évidemment que chaque agression est singulière, et qu’un préalable à toute réparation est déjà la reconnaissance des actes qui ont été commis, mais le terme n’est-il pas contradictoire avec l’idée d’une responsabilité collective ? Et est-ce qu’il ne vient pas réaffirmer l’idée d’irréparable ?
    Même si je ne suis pas à l’aise personnellement avec ce terme de « survivante » en raison de certaines connotations que tu suggères, je pense que chacun.e se pense comme il/elle le souhaite et tant mieux si le terme de « survivante » donne à certaines du sens à ce qu’elles vivent et de la force pour l’affronter.
    Tu écris aussi que la majorité des féministes sont indifférentes au sort des femmes détenues ou celles qui ont des proches incarcérés…
    Oui, il y a aujourd’hui très peu d’expressions politiques d’une solidarité avec ces femmes de la part des mouvements féministes dominants, par exemple dans les revendications de celles-ci. La mobilisation du collectif Georgette Sand contre la précarité menstruelle en prison est un rare contre-exemple. Ce n’était pas le cas dans les années 1970 et 1980 où les discussions critiques sur la prison étaient fréquentes dans les mouvements féministes. Mais aujourd’hui les collectifs de femmes détenues et proches de détenus ont plus de soutien des mouvements « autour » des prisons que des mouvements féministes.
    Ces dernières années, les principaux mouvements féministes ont eu, avec la mobilisation pour Jacqueline Sauvage, une occasion qu’ils n’ont pas saisie de s’intéresser aux femmes détenues. Le nombre des femmes criminalisées pour s’être défendues de violences masculines (comme Jacqueline Sauvage) est sans commune mesure avec celui des femmes détenues qui ont été victimes de violences masculines. Des femmes qui sont incarcérées non pas pour s’être défendues de violences, mais dont le parcours social et émotionnel est façonné par des violences subies. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques les plus fréquentes des femmes incarcérées : avoir été victimes de violences masculines. Les femmes criminalisées dans des cas d’autodéfense méritent bien sûr toute notre solidarité, mais cette solidarité doit s’étendre à toutes les femmes détenues.

    Dans le contexte actuel de l’épidémie, il est frappant qu’aucun mouvement féministe majeur ne semble se soucier des femmes qui sont incarcérées ou de celles qui ont des proches détenus et qui vivent aujourd’hui dans une angoisse sans nom. Dans les prisons – comme dans les centres de rétention –, la « distanciation sociale » est impossible à pratiquer et l’accès aux produits d’hygiène est souvent limité, voire interdit (par exemple les masques et le gel hydroalcoolique). La tribune publiée mi-mars en faveur de la libération de la chanteuse franco-malienne Rokia Traoré est l’une des rares mentions, dans l’espace médiatiques français, de l’épidémie comme une circonstance préoccupante pour les femmes incarcérées.

    À propos des femmes incarcérées pour s’être défendues face à leur conjoint violent ... En France, pour être reconnue comme telle, la légitime défense doit être nécessaire, simultanée et proportionnée à l’agression. Au moment de l’incarcération de Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir abattu son mari qui la violentait depuis des années, des organisations féministes appelaient à faire évoluer la loi sur la légitime défense. Valérie Royer, députée Les Républicains, avait déposé une proposition en ce sens. Il nous semble évident qu’un groupe dominé, ou des personnes sous emprise, doivent pouvoir se défendre sans risquer d’être inquiétées ou réprimées pour cela. Cela dit, au vu des discours publics à ce sujet, on sait qu’aux prochaines évolutions de la définition légale de la légitime défense, on risque de devoir faire face à des changements qui auront surtout pour but de protéger ceux qui tirent sur des voleurs, des délinquants ou des personnes perçues comme telles … Comment revendiquer une évolution de la définition légale de la légitime défense sans que cela ne soit instrumentalisé et qu’il ne s’agisse in fine de protéger la capacité du corps légitime de la nation à se défendre face à ceux qu’il perçoit comme une menace ?
    La proposition de loi de la députée Valérie Boyer visait la reconnaissance du « syndrome de la femme battue » qui se serait accompagnée d’une atténuation de la responsabilité pénale des femmes poursuivies pour meurtre dans une situation de violences conjugales. Il me semble que les systèmes judiciaires les plus progressistes sont ceux qui, comme celui du Canada et, dans une moindre mesure, celui de la Suisse, reconnaissent la notion de « légitime défense différée », c’est-à-dire l’exercice de la légitime défense en dehors d’un danger immédiat. Cela permet de prendre en compte les circonstances particulières dans lesquelles se trouvent les femmes qui subissent des violences dans le cadre familial ou intime.
    Ceci étant dit, je suis très sceptique à l’égard des luttes sur le terrain du droit. Quand bien même le droit serait « juste », je doute que, dans une société foncièrement inégalitaire, on puisse avoir une application « juste » du droit. Je pense qu’il faut surtout œuvrer à ce que des femmes n’aient pas à recourir à l’autodéfense et à ce que leur liberté ne dépende pas du droit et de son application.

    Au-delà du fait que des femmes sont incarcérées, même si leur nombre est plus faible que celui des hommes, la prison concerne aussi les femmes, car ce sont souvent elles qui soutiennent et prennent soin des hommes détenus, dans un monde où le fait de prendre soin des autres est souvent une injonction faite aux femmes plus qu’aux hommes … C’est le sujet du quatrième chapitre de ton livre. Comme tu l’écris, on observe parfois la même chose dans les milieux militants, lorsqu’un manifestant va être arrêté et incarcéré, ce sont souvent des femmes qui vont se coltiner la majorité des tâches de soutien … As-tu déjà observé la mise en place de processus permettant de mieux répartir cette charge ?
    J’ai discuté avec de nombreuses militantes du problème de la division sexuelle des tâches liées à la solidarité matérielle et émotionnelle avec les prisonnier.e.s. Je sais aussi que ce problème est pris très au sérieux par certains collectifs. Par contre, je ne sais pas bien comment ils s’y attaquent. Il y a, à mon sens, un préalable à une meilleure répartition des tâches : le partage des savoirs pratiques qui permettent de soutenir, moralement et matériellement, les personnes incarcérées. Il existe des ressources, comme par exemple le Guide à l’usage des proches de personnes incarcérées (qui a été écrit par des proches) ou la brochure Comment survivre et résister dans les QHS qui explique comment soutenir les personnes placées à l’isolement – et plus généralement toutes celles qui sont incarcérées.
    Le fait que, dans les milieux militants comme dans le reste de la société, la solidarité matérielle et émotionnelle avec les prisonnier.e.s soit davantage attendue des femmes que des hommes n’épuise pas toutes les critiques que l’on peut faire de la division sexuelle du travail politique dans les luttes abolitionnistes, anti-carcérales ou contre la police. Il est à mon sens important de réfléchir à la place qui est faite aux « proches » (de prisonniers, de victimes de crimes d’État) et qui sont souvent des femmes. Je me permets ici de renvoyer au texte que j’ai écrit, Pas de mouvement abolitionniste sans nous, dans lequel je critique à la fois l’assignation à la position de « témoin » souvent faite aux proches et les formes de fétichisation qui peuvent entourer les proches – ce qui révèle comment les proches ne sont pas toujours pensées comme des sujets politiques des luttes abolitionnistes.

    La dernière partie de ton livre traite des manières de régler les conflits, d’obtenir protection et réparation, et de faire changer les auteurs de violences en dehors du système pénal. Tu parles notamment de la justice réparatrice, où l’exposition publique de la faute et la honte peuvent être « réintégratrices ». Peux-tu développer ? Puisque les formes de stigmatisation des déviances qu’on connaît dans notre société ont en général plutôt pour but d’exclure ...
    Tu fais là référence au concept d’« humiliation réintégratrice » (reintegrative shaming) qui a été développée par le criminologue australien John Braithwaite dans Crime, Shame and Reintegration en 1989 et qui a été une importante source d’inspiration pour la justice réparatrice et toutes les alternatives au pénal qui se sont développées depuis. John Braithwaite critique le système pénal qui procède à la stigmatisation et à l’exclusion des auteurs d’infraction. S’inspirant de cultures dans lesquelles le traitement des déviances ne repose pas sur l’exclusion des individus, il prône plutôt l’« humiliation réintégratrice », c’est-à-dire la dénonciation d’un acte, sa « condamnation », tout en maintenant (ou renforçant) les liens sociaux autour de son auteur. En fait, on a assez naturellement ce type d’approches avec les enfants et les parents peuvent très bien exprimer à la fois leur désapprobation et leur amour à leurs enfants lorsque ceux-ci se conduisent mal.
    Tu mentionnes dans ton livre, et on a furtivement abordé le sujet tout à l’heure, dans des milieux militants, l’exclusion d’hommes accusés d’agressions. Tu qualifies cela d’insatisfaisant, dans la mesure où l’exclusion laisse inchangé celui qui est exclu. Tu ajoutes aussitôt que se borner à la critique de l’exclusion est au moins autant insatisfaisant, sinon plus, si l’on ne s’engage pas aux côtés de ces hommes dans des processus de justice transformative, qui visent à leur faire reconnaître leurs torts et à les faire changer. Nous menons des réflexions et des recherches sur ces sujets depuis quelque temps. Peux-tu nous citer des exemples de tels processus ?
    Les processus de justice transformative ont été formalisées pour l’essentiel en Amérique du Nord (et en anglais) à partir des années 2010, en particulier avec l’ouvrage The Revolution Starts at Home qui regroupe les témoignages d’individus et de groupes engagés dans de tels processus. Plusieurs guides existent, comme celui de Creative Interventions. Les processus dépendent des faits et des personnes impliquées, notamment parce qu’un des principes fondateurs de la justice transformative est la « responsabilité communautaire ». Celle-ci implique l’engagement de l’entourage des personnes impliquées, mais aussi de leurs réseaux de sociabilité (de leurs « communautés »).
    Elle peut se rapprocher des processus de justice restaurative : la recherche, collectivement, de la réparation du tort commis – un processus qui peut être long et laborieux. Elle prend souvent la forme de réunions qui, avec le temps, permettent à l’auteur de comprendre le tort qu’il a causé et de créer autour de lui un réseau qui l’accompagnera dans son évolution et dans le suivi de ses résolutions. Les personnes impliquées dans ce processus répondent aussi aux besoins de la victime, mais se mobilisent également pour changer les conditions qui ont rendu possible les faits. Par exemple, dans le cas des violences domestiques, il peut s’agir de lutter contre l’isolement de certaines femmes en créant des réseaux d’échanges et d’entraide. L’accompagnement des auteurs peut prendre des formes diverses : il part du principe que l’intégration dans un réseau social soucieux de prévenir des violences est plus efficace que l’exclusion sociale. Un exemple assez avancé de ce type d’engagement est celui des cercles de soutien et de responsabilité qui existent par exemple au Canada.

    Est-ce qu’on sait si ça fonctionne à terme ? Est-ce que dans ces processus, on retrouve la division sexuelle du travail où ce sont essentiellement des femmes qui s’y impliquent ? Quelle est la place pour les hommes dans ces processus ? Quelle est celle laissée aux femmes qui ont subi les violences sexuelles dans le processus de réparation / restauration ? Quelle est l’échelle communautaire de ces processus ?
    La question de l’efficacité de ces processus est l’objet de débats scientifiques. Certains travaux soutiennent qu’ils sont plus efficaces que les peines de prison, d’autres contestent leur efficacité, mais on a aussi beaucoup de travaux qui montrent que les peines de prison, en matière de violences sexuelles notamment, préviennent mal la récidive. D’un point de vue scientifique, ces travaux sont compliquées à mener pour un tas de raisons : d’abord, lorsqu’on parle de récidive ou de réitération, on parle de faits qui sont connus, donc l’évaluation de ce type de programme se heurte toujours à notre ignorance possible de faits ; ensuite, il peut y avoir un biais important : si les personnes qui bénéficient des programmes « alternatifs » sont celles qui avaient le moins de risques de récidiver (par exemple, car elles bénéficient de bonnes ressources sociales), on obtiendra automatiquement de meilleurs résultats pour ce genre de programmes. Reconnaître qu’on ne dispose pas de solides preuves scientifiques et qu’il est nécessaire d’avoir davantage de recherches en la matière ne me semble pas être un obstacle pour s’engager fermement dans cette voie. Puisque les coûts sociaux de l’existence de la prison sont énormes et prouvés depuis longtemps, nous devons chercher une autre voie. Nous ne sommes sans doute qu’au début d’un long apprentissage, d’expérimentations de manières non punitives de prévenir et traiter les préjudices sexuels.
    Est-ce qu’on observe aujourd’hui une division sexuelle du travail dans ces procédures ? C’est effectivement un débat récurrent dans les groupes qui pratiquent la justice transformative : le nombre important de femmes, mais aussi de personnes LGBT, qui y sont impliquées.

    Pour ce qui est de la place des victimes, quelles qu’elles soient, le principe est toujours que leurs besoins soient la priorité du groupe mis en place. C’est l’occasion pour moi de préciser quelque chose qui est parfois mal compris : le but de la justice transformative n’est pas que la victime pardonne à son agresseur. Comme beaucoup, je crois que le pardon, dans un processus de deuil ou de guérison, c’est d’abord un cadeau que l’on se fait à soi. Une procédure de justice transformative a surtout pour but de répondre aux besoins d’une victime, et, pour reprendre la typologie de Ruth Morris, ces besoins sont : 1) obtenir des réponses à ses questions, parfois triviales, sur les faits ; 2) voir son préjudice être reconnu ; 3) être en sécurité ; 4) obtenir réparation ; 5) pouvoir donner un sens à ce qu’elle a subi.

    Quant à l’échelle à laquelle s’organisent ces procédures, ça dépend des situations. On peut mettre en place ce type d’approches dans une institution, par exemple une école, comme c’est le cas à Oakland. Certains groupes s’organisent localement pour répondre aux besoins de victimes – je pense a ce groupe de Berlin récemment dissout ; ce type d’organisation peut aussi venir répondre aux besoins d’une communauté en particulier, comme TGI Justice Project qui propose des processus de justice transformative pour les personnes trans. Enfin, il existe des coalitions plus larges, comme Generation5 qui lutte contre les violences faites aux enfants.

    On aimerait finir en parlant de l’actualité particulière que nous vivons. Tu fais à deux endroits de ton livre le parallèle entre la prison et la maladie. La première fois pour observer que les femmes quittées par leur conjoint lors d’une incarcération sont bien plus nombreuses que les hommes quittés par leur conjointe en pareille situation, et que cette différence entre les réactions des hommes et des femmes vis-à-vis de leur partenaire s’observe dans les mêmes proportions lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer. Le second endroit du livre où tu fais le parallèle est celui où tu parles des difficultés dans le lien avec son entourage que peut entretenir une personne détenue ou malade, avec des décalages de perceptions liées aux différences de conditions de vie, et des conversations devenant de plus en plus superficielles. Puisqu’on est dans une période où nous sommes nombreux à être repliés sur l’espace domestique, où la garde des enfants ne peut plus être déléguée, où les questions du risque, de la maladie et du soin sont posées ... Peux-tu apporter des pistes de réflexion, sur la manière dont on peut lire la crise du coronavirus, et la période de confinement, en prenant en compte la question du genre ?
    Mon évocation de la maladie n’est pas anecdotique. D’un point de vue sociologique, les « épreuves » (comme la maladie, le deuil, ou l’incarcération) ont beaucoup de points communs dans leurs effets, notamment sous l’angle du genre. Et puis, il y a une longue histoire de luttes communes des abolitionnistes et des personnes handicapées autour de l’institutionnalisation. Par exemple, les travaux de Liat Ben-Moshe et notamment le livre qu’elle a codirigé Disability Incarcerated, montrent l’importance de penser ensemble le système pénal et le validisme. C’est un aspect que je n’ai pas développé dans mon livre car j’ai assez peu de compétences sur le sujet, mais j’espère que davantage de travail politique sera fait en ce sens en France dans le futur.
    Pour ce qui est du confinement et de l’analyse qu’on peut en faire sous l’angle du genre, je n’ai rien de très original à dire. Parmi tout ce que j’ai lu, je recommande particulièrement « Le virus et la famille » de Sophie Lewis et « Le coronavirus est un désastre pour leféminisme » d’Helen Lewistribune... Mais il faut aussi se rappeler que les conditions sociales des femmes sont diverses et que toutes les femmes ne peuvent pas être confinées. À travers les témoignages de femmes des quartiers populaires que le collectif Femmes en lutte93 diffuse actuellement, il rappelle bien que « les femmes, les migrant.e.s, les ouvrier.e.s et prolétaires, les quartiers
    populaires […] sont les sacrifié.e.s et sont en premières lignes de l’épidémie et des attaques sociales en cours. »

    Il y a d’ailleurs ces derniers jours des mutineries dans plusieurs pays, dont la France. Face au risque, les détenus demandent le désengorgement des prisons, et le respect des mesures sanitaires. Sais-tu si des mutineries ont aussi eu lieu dans des prisons pour femmes ? On a cherché l’information, sans rien trouver …

    Lundi am : Féminisme, justice pénale, coronavirus et révoltes dans les prisons - Entretien avec Gwenola Ricordeau
     
    Dernière édition: 15 Avril 2020
  11. freedomcat

    freedomcat Membre actif

    "Que faire lorsqu’unE proche est incarcéréE ? Quels sont les droits des proches des personnes détenues ? Comment demander un permis de visite ? Comment se déroule un parloir ?"

    Télécharger le guide à l'usage des proches de personnes incarcérées" :
    https://permisdevisite.noblogs.org

    Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche.

    Du dépôt de linge à la lutte contre les prisons, connaître nos droits, échanger nos astuces et construire des solidarités devant les portes des prisons et par-dessus les murs, voilà à quoi doit servir ce guide !

    SOMMAIRE :

    Pourquoi ce guide ?

    Introduction

    1- Les premiers jours

    2- Communiquer

    3- Le linge, les livres et les colis

    4- Le permis de visite et les parloirs

    5- Les droits civils et familiaux

    6- L’argent

    7- Face à la justice et à l’A.P.

    8- La sortie

    9- Questions fréquentes

    10- Lexique

    11- Des livres et des films

    12- Collectifs anticarcéraux

    13- Adresses
     
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  12. freedomcat

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    Dernière édition: 3 Mai 2020
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    14 Juin 2019
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    Bessèges
    Je relis la "BD-Attentat contre Al'Quaida" ... instructif & fendard !!
    [​IMG]
    "Après avoir enquêté durant une vingtaine d'années sur le terrorisme & travaillé autant d'années sur l'idéologie islamiste; après avoir cherché à comprendre le fonctionnement de la nébuleuse intégriste, mais aussi celui d'al-quaida; après m'être intéressé au parcours d'oussama ben laden en utilisant tous les supports médiatiques "classiques", télévision, radio, presse écrite & livres, &, enfin, après avoir dénoncé l'idéologie islamiste - qui n'est pour moi qu'une forme de fascisme qui instrumentalise la religion - &, naturellement, condamné la violence qui s'exerce au nom de l'islam, j'ai pensé qu'il était temps de passer à une autre étape. Rire & essayer de faire rire de ce qu'il y a de plus horrible chez les extrémistes: la haine qu'ils nous portent, la barbarie qui les caractérise, le fanatisme qui les nourrit & la bêtise qui les anime. Je pense, en effet, que le rire peut être un excellent remède contre la terreur dans laquelle les extrémistes veulent nous plonger. Le rire est d'ailleurs une valeur qui nous différencie d'eux. Nous devons savoir rire de nous-mêmes, de ceux qui veulent, tout en nous menaçant, nous empêcher de vivre selon les valeurs universelles auxquelles beaucoup de gens, à travers le monde, restent attachés. ... ".
    Mohamed Sifaoui.
     
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    28 Novembre 2017
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    Pour compléter, sur le problème des logiques à l'œuvre, suivre ce lien : LE MANUEL - FABLE DYSTOPIQUE INTERSECTIONNELLE 2.0 - Polyvalence
     
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    Angela Davis : "La situation n'a pas changé" (2013)

     
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    « Checker les privilèges » ou renverser l’ordre ?

    Texte inédit pour le site de Ballast

    « Check Your Privilege » : le mot d’ordre est désormais fameux.
    On trouve même, sur Internet, des tests visant à calculer son niveau précis de privilège — en fonction des remarques que l’on reçoit sur son accent, du logement que l’on occupe, des tentatives de suicide que l’on a ou non commises ou encore de l’existence d’un lieu de culte honorant sa religion dans la ville que l’on habite.
    On dénombre ainsi un « privilège masculin », un « privilège hétérosexuel », un « privilège de classe », un « beauty privilege » ou bien un « privilège blanc ». C’est ce dernier, mobilisé aux États-Unis depuis les années 1970, qui retient ici l’attention de la sociologue et écrivaine Kaoutar Harchi. Si l’on ne saurait nier, avance-t-elle, toute pertinence théorique à ce concept, son succès académique et militant fait question : il dépolitise les luttes pour l’égalité et se conforme aux attendus de l’individualisme libéral.
    Car c’est la structure de l’ordre dominant (capitaliste, raciste, sexiste) qu’il s’agit bien plutôt de penser — autrement dit, de démanteler.


    [​IMG]Ici, aux États-Unis, une petite fille blonde tient à la main une pancarte : « Privileged. #BlackLivesMatter ».
    Là, des centaines de personnes blanches se rassemblent et, mains levées, clament en chœur qu’elles renoncent à leur « privilège blanc ». Il y a de quoi sourire, oui.
    Au même moment, en France, dans une « lettre adressée à ses amis blancs qui ne voient pas où est le problème », l’écrivaine Virginie Despentes, réaffirmant son soutien au combat mené par le Comité Adama Traoré, écrit : « [L]e privilège, c’est avoir le choix d’y penser, ou pas. Je ne peux pas oublier que je suis une femme. Mais je peux oublier que je suis blanche. Ça, c’est être blanche. Y penser, ou ne pas y penser, selon l’humeur. En France, nous ne sommes pas racistes mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix. » Décidément, tout cela va trop loin : alors, du Figaro au Monde, d’émissions télévisées en émissions radiophoniques, on pousse des petits cris.

    Retour sur un concept
    « Décidément, tout cela va trop loin : alors, du Figaro au Monde, d’émissions télévisées en émissions radiophoniques, on pousse des petits cris. »

    « On dit des Noirs qu’ils sont Noirs par rapport aux Blancs, mais les Blancs sont, tout court. Il n’est d’ailleurs par sûr que les Blancs soient d’une quelconque couleur. »

    Par ces mots, la sociologue française Colette Guillaumin suggère la nécessité de penser le pendant relationnel de la condition minoritaire, soit la condition majoritaire dite « blanche ».
    En ce sens, la « blanchité » (de l’anglais « whiteness ») désigne, en sciences sociales, une position sociale dynamique, historiquement produite, et continument traversée par d’autres principes de hiérarchisation — au premier rang desquels la classe et le genre.
    Elle se caractérise par une perception précise : celle de se croire, en tant qu’individu rattaché à la « condition blanche », irréductible à des stéréotypes fixes et immuables, a fortiori négatifs, tandis que les autres, non-blancs, le seraient — et, de ce fait, le sont.

    À la fin des années 1980, une chercheure étasunienne, Peggy McIntosh, s’est saisie du concept de blanchité pour en approfondir l’aspect avantageux. Dans son article « Privilège blanc : vider le sac invisible », elle note ainsi : « Je pense que les Blancs ont été consciencieusement éduqués pour ne pas reconnaître le privilège de la peau blanche, tout comme les hommes ont appris à ne pas reconnaître les privilèges masculins.
    C’est ainsi que j’ai commencé à chercher (de manière intuitive), ce qu’est un privilège de la peau blanche. J’en suis arrivée à percevoir ce privilège, comme un paquet invisible obtenu sans aucun mérite, et contenant des provisions sur lesquelles je peux compter chaque jour, paquet qu’on me signifierait de toujours oublier. Le privilège de la peau blanche, c’est en fait un sac à dos invisible et sans poids, rempli de fournitures spéciales, cartes, passeports, carnets d’adresses, codes, visas, vêtements, outils et chèques en blanc.
    »
    Ce que décrit ici McIntosh pourrait se comprendre, plus simplement encore, comme le fait, pour les individus de condition blanche, d’être exempts de toute expérience raciale pénalisante et stigmatisante1. Autrement dit, d’être inconscients de tout bénéfice racial — quelles que soient leur position de classe et leur appartenance de genre.

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    [Eduardo Paolozzi]

    Le concept de « privilège blanc » s’est imposé, via la constitution des « Whiteness Studies » aux États-Unis au début des années 1980, comme un outil opératoire de désignation des rapports de pouvoir que le déni des inégalités raciales occultait alors.
    C’est que ce concept a pour force de briser ce que Roland Barthes, à propos du rapport social de classe, a désigné par l’expression d’« ex-nomination » : soit cette aspiration de la bourgeoisie à se percevoir et à être perçue comme société anonyme.
    Et le philosophe de préciser : « Comme fait économique, la bourgeoisie est nommée sans difficulté : le capitalisme se professe. Comme fait politique, elle se reconnaît mal : il n’y a pas de parti bourgeois à la Chambre. Comme fait idéologique, elle disparaît complètement : la bourgeoisie a effacé son nom en passant du réel à sa représentation, de l’homme économique à l’homme mental : elle s’arrange des faits, mais ne compose pas avec les valeurs, elle fait subir à son statut une véritable opération d’ex-nomination ; la bourgeoisie se définit comme la classe sociale qui ne veut pas être nommée2 ».
    Rapporté au rapport social de race, l’ex-nomination est cette pratique symbolique et matérielle de production d’une identité blanche innommée, réclamant pour elle tous les noms et se rêvant, de là, universelle : une identité que le concept de « privilège blanc » nomme, tout à coup, c’est-à-dire définit, particularise et met in fine à nu.
    Le concept voyage durant les années 2000 : il quitte l’îlot académique et s’ancre au sein des mondes militants, finissant par atteindre les rives françaises3.

    « Renoncer » : un idéal individuel
    « Le risque est grand de lutter pour moins de privilèges alors qu’un enjeu politique bien plus radical consisterait à lutter pour l’accès de tous et de toutes à la justice sociale. »

    Mais nommer ne suffit pas. Et, à y regarder de plus près, le succès de ce concept, aisément mobilisable sous régime libéral, ne nous aide pas à travailler collectivement au renversement de l’ordre social. En 2016, déjà, la féministe Mirah Curzer publiait l’article « Let’s Stop Talking So Much About Privilege ». Elle y développait l’idée selon laquelle la focalisation, bien que légitime, des débats autour du « privilège blanc » réduisait mécaniquement les possibilités de développer une approche en termes de droits. En ce sens, le risque est grand de lutter — et de se donner à voir comme luttant — pour moins de privilèges alors qu’un enjeu politique bien plus radical consisterait à lutter, matériellement et symboliquement, pour l’accès de tous et de toutes à la justice sociale.
    Un critique plus frontale encore a été formulée un an plus tard par Arielle Iniko Newton, essayiste et co-organisatrice de Movement for Black Lives, dans l’article : « Why Privilege Is Counter-Productive Social Justice Jargon ».
    Elle lance : « Le privilège est un notion limitante qui accorde la priorité aux comportements individuels au détriment des failles du système, et suggère que changer nos comportements serait une manière suffisante d’éradiquer l’oppression. […] Personne ne peut abandonner ses privilèges mais nous pouvons faire en sorte que l’oppression soit remise en cause. »
    Ainsi, Arielle Iniko Newton plaide pour une reconsidération révolutionnaire des forces sociales historiques qui structurent, de part en part, le suprématisme blanc — appelant, par suite, à sa destruction totale.

    Ces derniers jours, en France, à la faveur de mouvements internationaux antiracistes d’une ampleur rarement égalée, ont fleuri des appels lancés par ou à destination des personnes blanches afin qu’elles travaillent à la reconnaissance de leur privilège blanc. Dans certains cas, ces initiatives ont pu prendre l’apparence de ce que Joao Gabriel, blogueur, militant panafricaniste et doctorant en histoire, a qualifié de « forme politisée de développement personnel » susceptible d’induire « un militantisme-performance et déclaratif ». La réduction des rapports sociaux de pouvoir à un régime de ressources possédées par les uns — et donc à l’origine de la dépossession subie par les autres — confine effectivement à croire que des choses attribuées de telle manière devrait l’être de telle autre.
    De là découlerait une injustice qu’il conviendrait de réparer par la transformation des modalités originelles d’attribution. Mais comment redistribuer la valeur du travail bien fait en situation de blanchité quand, dans d’autres situations, le travail n’est jamais qu’arabe ? Importe-t-il de redistribuer la valeur construite de la beauté féminine blanche afin que les cheveux à la frisure serrée des femmes racisées cessent d’être associés à la sauvagerie et à la laideur ?
    Comment redistribuer la valeur sociale et politique des vies blanches quand celles, non-blanches, sont perçues comme un ensemble informe de vécus interchangeables et traités comme de moindre importance ? Comme le suggère la militante communiste, féministe et antiraciste Mélusine, « parler des choses qu’on a, et non des choses qu’on est, empêche de remettre en question l’existence même des catégories ». Pourtant source primordiale des violences.

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    [Eduardo Paolozzi]

    Ne pas changer les règles du jeu : en bâtir un autre
    Vaut-il vraiment la peine de changer les règles du jeu, de s’épuiser à vouloir jouer mieux, de s’exténuer à jouer dans telle équipe plutôt que dans telle autre, de tenter de changer de capitaine de jeu, de se rêver être ce capitaine, de changer de terrain de jeu, quand on ne sait que trop bien que ce jeu est toujours perdant pour ces mêmes-là, toujours gagnant pour ces mêmes autres ? Et si même ce jeu finissait par rendre victorieux ne serait-ce qu’un individu que le destin social prédestinait à perdre, jamais cela n’effacerait l’injustice qui continuerait à frapper le destin de tous les autres. Et cela, qui peut s’y résoudre ? Concentrons, bien davantage, nos forces à nous retirer de la partie pour mieux détruire le jeu. Réinventons-en un, tout autre, égalitaire et autonome, révolutionnaire, inconditionnellement juste. Ce que l’essayiste et militante afroféministe Fania Noël-Thomassint4 formule en ces termes : « Nous ne sommes pas intéressé·es par le changement de places. Ce que nous voulons, c’est qu’il n’y ait plus personne au bas de l’échelle ; que l’échelle disparaisse, d’ailleurs. »

    Le recours intensif au concept de « privilège blanc » signe l’avancement sinueux du néolibéralisme jusqu’au cœur des pratiques politiques de résistance. Il individualise la question politique raciale et, de là, la dépolitise. Plus encore : ce sont les possibilités d’émancipation des groupes dominés que l’on indexe et conditionne, paradoxalement, au bon vouloir autocritique des groupes dominants. Comme il importe de travailler à une société sans classe — entendre sans domination de la classe capitaliste sur le reste de la société —, il importe de travailler à l’édification d’un monde libéré des catégories sociales de race. Cela, seules l’organisation, la mobilisation et l’action collectives le permettront.

    Illustrations de bannière et de vignette : Eduardo Paolozzi


    ☰ Lire entretien « Angela Davis et Assa Traoré : regards croisés », mai 2020
    ☰ Lire notre abécédaire de James Baldwin, juin 2019
    ☰ Lire entretien avec Angela Davis : « S’engager dans une démarche d’intersectionnalité », décembre 2017
    ☰ Lire notre traduction « Anarchisme et révolution noire — par Lorenzo Kom’boa Ervin », novembre 2017
    ☰ Lire notre traduction « Black Panthers : le pouvoir au peuple », Bobby Seale, décembre 2015

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    1. À ce propos, la chercheure Lissel Quiroz note : « Comme toute étude pionnière, celle de McIntosh souffrait de quelques lacunes, notamment celle consistant à confondre privilège blanc et privilège de la classe moyenne. Dans un article intitulé Expliquer le privilège blanc à une personne blanche et pauvre, Gina Crosley-Corcoran montre comment plusieurs exemples dans la liste de McIntosh renvoient davantage au statut de l’auteure en tant que personne de classe moyenne, qu’à son statut en tant personne blanche, le mot classe pouvant se substituer de nombreuses fois à celui de race. »
    2. Roland Barthes, Mythologies, Seuil, 2014 [1957], p. 145.
    3. On pourra, par exemple, consulter le podcast Kiffe ta race de Rokhaya Diallo et Grace Ly : « Check tes privilèges blancs ».
    4. Voir son podcast « En finir avec les privilèges ».
    Publié le 15 juin 2020 dans Antiracisme, Sociologie par Kaoutar Harchi
     

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