Punks Against Sweatshops

Très bonne initiative, mais encore beaucoup de travail à faire.

L'éthique ne se résume pas à un modèle économique coopératif. L'éthique est une finalité qui implique le modèle coopératif, mais aussi la protection de l'environnement, le partage équitable des revenus, les conditions de travail sécuritaire, et une chaîne de production locale et démondialisée. Le modèle coopératif ne garantie pas le respect de tous ces critères. Aussi, ces critères doivent être étendus à toute la chaîne de production, des agriculteurs de coton jusqu'à la boutique qui imprime les t-shirts, en passant par les ouvriers qui fabriquent le textile.

Ces t-shirts sont produits dans une coopérative, oui, mais une coopérative au Bengladesh, c'est important de le préciser. Ça reste des t-shirts importés et les ouvriers sont payés avec des salaires basés sur la moyenne salariale du Bengladesh qui est une des plus faible sur la planète. Ça reste un produit issu de la mondialisation.

Protection de l'environnement : La culture du cotton est le type d'agriculture le plus polluant au monde à cause des pesticides et OGM. La production d'un t-shirt est aussi extrêmement polluant à cause des teintures et autres produits chimiques. Il faut qu'une entreprise investissement énormément d'argent pour rendre ses opérations moins polluantes, et une coopérative n'a pas ce budget.

Agriculture du coton : Sans tracabilité du coton, impossible de savoir où il a été cultivé. La majorité du coton est produit de l'Uzbekistan, un pays dictatorial avec violations de droits humains et destruction de la planète. https://www.ni-dieu-ni-maitre.com/blog/pourquoi-boycottons-nous-le-coton-douzbekistan/

Partage équitable des revenus : Selon le site de l'organisation, les ouvriers sont des salariés qui ne touchent que 25% des profits de l'entreprise. Qui encaisse le 75% restant ?

Conditions de travail sécuritaire : un modèle coopératif ne garantie aucunement que l'entreprise a suffisamment de budget pour construire une usine sécuritaire et bien climatisée, surtout au Bengladesh. D'autant plus que le Covid-19 apporte de nouveaux défis sur la sécurité des ouvriers, ce qui nécessite d'important investissements dans les usines de textile.

Chaîne de production : Pour résumer, le coton est produit dans un pays inconnu, puis ensuite importé au Bengladesh pour produire les t-shirts, qui sont ensuite expédiés en Angleterre chez Punks Against Sweatshops ... Si par exemple Ni Dieu Ni Maitre voudrait utiliser leurs t-shirts, il faudrait les faire expédier de l'Angleterre jusqu'aux États-Unis, pour les imprimer là bas et les envoyer par la poste aux acheteurs en Europe et ailleurs ... Ce serait un processus beaucoup plus polluant ce qui annule le côté éthique du produit. Bref, ça prouve qu'un produit éthique européen n'est pas nécessairement autant éthique pour une boutique aux États-Unis. L'éthique est pleine de nuances importantes.


Je répète que c'est une bonne initiative, mais c'est dangereux de trop focaliser sur le modèle coopératif et oublier tous les autres défis éthiques. Le vidéo est très simpliste. Le combat ne se résume pas à "dégager les sweatshops de la scène punk" puisqu'il n'y a pas de solution alternative accessible à l'ensemble de la scène punk mondiale.