Chargement...
Bienvenue sur Pirate Punk ! Pour participer à la communauté, il faut s'enregistrer ou se connecter.   Ⓐ//Ⓔ

L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

Discussion dans 'Débats politiques, activisme et luttes sociales' créé par Timyo94, 14 Janvier 2011.

  1. Timyo94

    Timyo94 Petit AnArchiste Membre actif


    56

    0

    3

    10 Janvier 2011
    RÉSUMÉ
    Selon la tradition, seulement trois régimes purs — monarchie, aristocratie et démocratie — sont identifiés comme étant capables, sous certaines conditions, de permettre l’atteinte du « bien com- mun». Ce texte suggère qu’une typologie complète des régimes politiques doit inclure l’anarchie non pas en tant que forme dévoyée de la démocratie, mais bien comme un idéal type de régime pur. La nouvelle typologie devrait inclure la monarchie (le règne d’un seul), l’aristocratie (le règne d’une minorité), la démocratie (le règne de la majorité) et l’anarchie (l’auto-gouvernement de tous, par consensus). Au final, il est nécessaire de se rappeler que la vie politique ne se limite pas à l’État, et que l’anarchie peut s’incarner — ici et maintenant — dans des communautés et des groupes politiques locaux et de petite dimension. Le rejet radical de l’anarchie par les philo- sophes qui prétendent que sa réalisation est impossible dans notre monde moderne est donc trompeuse et appauvrit nécessairement notre pensée politique.

    « Quel est le meilleur régime politique ? » Voilà la question fonda- mentale à laquelle la philosophie politique occidentale s’est tradition- nellement attribué le devoir de répondre, dénombrant généralement trois types purs de régimes (la monarchie, l’aristocratie et la démo- cratie) et un régime mixte (la république), constitué d’éléments des trois régimes purs2. Sous certaines conditions, ceux qui exercent le pouvoir dans ces trois régimes purs peuvent chercher, défendre et pro- mouvoir la réalisation du « bien commun » pour l’ensemble de la communauté politique, ainsi que la « vie bonne » pour chacun de ses membres. À l’inverse, ceux qui exercent le pouvoir dans les régimes dégénérés (la tyrannie, l’oligarchie, etc.) cherchent uniquement à jouir égoïstement d’une bonne vie (d’un point de vue matériel plutôt que moral) au détriment du bien commun et de la réalisation de la vie bonne pour leurs sujets. Quant à l’« anarchie », les philosophes les plus influents de la tradition occidentale l’ont identifiée comme la forme dégénérée et pathologique de la démocratie, entendue ici sous sa forme directe où tous les citoyens peuvent participer à l’assem- blée où se prennent les décisions politiques collectivement et à la majorité.
    Assimiler ainsi l’anarchie à une forme dévoyée de la démo- cratie directe constitue une erreur grave qui appauvrit la philosophie politique. Je prétends au contraire qu’une typologie des régimes poli- tiques doit inclure l’anarchie non pas comme une forme dévoyée de la démocratie, mais plutôt comme l’un des idéal-types des régimes politiques légitimes. Je vais identifier l’anarchie comme un quatrième type de régime politique pur dans lequel tous les citoyens se gouver- nent ensemble directement grâce à des délibérations consensuelles, sans avoir recours à une autorité dotée d’appareils coercitifs. Il s’agit donc d’offrir un tableau plus complet et cohérent des régimes politi- ques que ne le propose la tradition de la philosophie politique occi- dentale, et de démontrer que l’anarchie ne doit pas être conçue comme une forme dérivée d’aucun des autres régimes. Pour mener cette démonstration, il convient dans un premier temps de synthétiser le discours quantitatif des philosophes politiques au sujet des types purs de régimes politiques, d’analyser ensuite l’approche qualitative utili- sée par les philosophes pour distinguer entre les « bons » et les « mau- vais » régimes politiques, puis f inalement de discuter de la nature de l’anarchie. Cette démarche se heurte toutefois à un défi important lorsqu’il convient de distinguer l’anarchie de la démocratie, les deux régimes ayant plusieurs caractéristiques en partage. Une attention par- ticulière sera donc portée à la relation ambiguë qu’entretiennent ces deux régimes dans la tradition occidentale.
    1- LA TYPOLOGIE DES RÉGIMES POLITIQUES : PERSPECTIVE QUANTITATIVE
    Pendant plus de deux mille ans, la majorité des philosophes occiden- taux influents se bornèrent à identifier trois idéal-types de régimes politiques purs: la monarchie, l’aristocratie et la démocratie3. Ces régimes recevront parfois des noms différents selon le philosophe (on troquera, par exemple, aristocratie pour oligarchie) et certains philo- sophes ne seront pas toujours constants et cohérents dans leur manière d’utiliser cette typologie4. Néanmoins, il reste toujours trois régimes fondamentaux, principalement parce que cette typologie repose sur un calcul mathématique puisque l’autorité politique officielle peut être entre les mains d’un seul (monarchie), de quelques-uns (aristo- cratie) ou de tous (démocratie).
    Ce calcul est souvent présenté comme relevant de l’évidence, comme chez Aristote pour qui « il est nécessaire que soit souverain soit un seul individu, soit un petit nombre, soit un grand nombre5. » L’étymologie grecque de ces noms de régimes souligne par ailleurs le fondement mathématique de cette typologie. « Monarchie » vient du grec et signifie gouvernement (kratia) d’un seul (mona). « Aristocratie » vient aussi du grec, où aristos signifie « meilleur ».
    L’aristocratie est donc le régime où les meilleurs gouvernent. Or qui dit « meilleurs » laisse entendre qu’il existe une division entre ceux- ci et les autres et que les aristocrates constituent une minorité d’in- dividus qui sont supérieurs à la personne moyenne. Une aristocratie désigne donc un régime dans lequel une minorité d’individus dans la communauté exerce le pouvoir. Finalement, le mot « démocratie » évo- que le gouvernement du « peuple », du grec demos. Par démocratie, la philosophie politique traditionnelle entend une démocratie calquée sur le modèle athénien où tous ceux qui peuvent se prévaloir du titre de citoyens — le peuple — ont la possibilité de se présenter à l’agora pour participer à l’Assemblée et prendre part directement au proces- sus de prise de décision politique.
    Si cette typologie est avant tout associée à la philosophie clas- sique, elle sera reprise par les historiens de l’Antiquité et par les phi- losophes et les acteurs politiques au début de la modernité6. Lors des débats entourant la guerre d’indépendance américaine, par exemple, de nombreux textes — discours, pamphlets, etc. — font explicite- ment référence à cette typologie. Zabdiel Adams, cousin du second président des États-Unis John Adams, déclarait ainsi dans un discours en 1782 que « trois modes différents de gouvernement civil ont été prédominants au sein des nations de la Terre, la monarchie, l’aristo- cratie et la démocratie7 ». Conscients que cette première typologie ne permet pas d’embrasser toute la complexité de la réalité politique, certains philosophes vont croire important de doubler cette typologie en identifiant pour chaque régime pur une forme éventuellement dégé- nérée ou pathologique.
    2- LA TYPOLOGIE DES SYSTÈMES POLITIQUES : LA PERSPECTIVE QUALITATIVE
    Aristote est le premier qui souligne l’importance d’enrichir la classi- fication mathématique des régimes d’une distinction liée à la mora- lité du régime. Un régime est juste lorsque son objet est le bien com- mun, alors qu’un régime injuste a pour objet uniquement le bien de celui ou de ceux qui gouvernent8. Plusieurs philosophes proposeront à la suite d’Aristote une typologie des régimes qui tient compte de l’aspect moral de l’exercice de l’autorité politique. Le risque de cor- ruption est d’autant plus élevé dans les régimes purs que rien dans leur structure institutionnelle — la Constitution — empêche les gou- vernants de se détourner de la recherche, de la défense et de la pro- motion du bien commun, pour jouir indûment du pouvoir dont ils disposent. Le gouvernement d’un seul devient alors une tyrannie; le gouvernement de quelques-uns, une oligarchie; et le gouvernement de tous, l’anarchie.
    TABLEAU 1 : DIVISION TRADITIONNELLE DES RÉGIMES POLITIQUES SELON UN CAL- CUL MATHÉMATIQUE ET SELON L’ESPRIT DE JUSTICE DES GOUVERNANTS
    voirs sont séparés et s’équilibrent les uns les autres. Dans sa version classique tout comme dans la version moderne, la république est incompatible avec une autorité pure, absolue10.
    Depuis le XIXe siècle, les politiciens tout comme les philo- sophes ont pris l’habitude d’utiliser le terme de « démocratie » (qua- lifiée de moderne, libérale ou représentative) pour désigner la répu- blique, si bien que les deux noms de régimes sont aujourd’hui plus ou moins synonymes11. Cette «démocratie» moderne n’est toutefois qu’une cousine bien éloignée de la démocratie de l’Antiquité. En effet, seuls ceux qui à cette époque jouissaient du titre de citoyens pouvaient s’assembler à l’agora et participer directement au proces- sus délibératif de prise de décision. C’était alors la majorité qui l’em- portait (la démocratie comme règne de la majorité). En ce qui concerne la «démocratie» moderne, plusieurs formes de pouvoir coexistent et sont en compétition à l’intérieur même du système poli- tique officiel. La majorité du peuple n’exprime pas sa voix, même dans la prétendue chambre démocratique, puisque c’est seulement une minorité extrêmement réduite de « représentants » qui délibère au nom de la majorité ou de l’ensemble de la nation12. Comme le souligne Jean-Jacques Rousseau, la majorité n’a que le pouvoir de choisir la petite clique qui gouvernera l’ensemble de la communauté. À titre de comparaison, serait-il correct d’affubler du terme de « monarchie » un régime où un individu — appelé roi ou reine — aurait comme uni- que pouvoir de confirmer tous les quatre ou cinq ans un ou des indi- vidus à titre de représentants détenant les vrais pouvoirs et gouver- nant en son nom ? Un tel régime serait probablement reconnu comme étant une fausse monarchie ou une aristocratie. Il pourrait très bien être appelé « monarchie » par habitude ou pour des raisons idéologi- ques, en dépit de son caractère plutôt aristocratique. De même, un régime dans lequel le seul pouvoir des aristocrates serait d’élire un représentant unique tous les quatre ou cinq ans qui gouvernerait en leur nom serait probablement identifié dans les faits comme une monarchie. La « démocratie » moderne, dans laquelle gouverne une clique de représentants élus par le peuple, correspond donc bien plus à une aristocratie (le règne d’une minorité) qu’à une démocratie (le règne de la majorité). La tradition philosophique a d’ailleurs reconnu ce fait. Aristote, Spinoza, Montesquieu et bien d’autres, ainsi que plu- sieurs fondateurs des républiques modernes (Thomas Jefferson et Maximilien Robespierre, entre autres), ont clairement indiqué que l’élection — c’est-à-dire la sélection d’une élite dirigeante — est de
    QUI GOUVERNE ?
    DANS QUEL BUT ?
    POUR LE BIEN COMMUN (JUSTE)
    POUR SES INTÉRÊTS (INJUSTE)
    UN SEUL
    MONARCHIE
    DESPOTISME
    UNE MINORITÉ
    ARISTOCRATIE
    OLIGARCHIE
    LA MAJORITÉ
    DÉMOCRATIE
    ANARCHIE

    C’est ici qu’intervient un nouveau nom de régime, la « répu- blique ». Cette notion vient quelque peu brouiller les cartes. Le nom « république », du latin res publica ou « chose publique », peut être attribué à n’importe quel régime juste9, tout comme il peut désigner une constitution mixte composée des trois éléments qu’incarnent les régimes purs. Une république propose alors un équilibre des divers ordres sociaux, incarnés par un monarque (ou un président), une aris- tocratie qui siège au Sénat ou à la Chambre des Lords et le «peu- ple » qui est représentée par ses délégués à l’Assemblée nationale ou à la Chambre des communes, considérées comme la branche démo- cratique de la République. Selon la plupart des philosophes politi- ques, dont en premier lieu Aristote et Cicéron, cette constitution mixte est nécessairement un système juste car aucune des trois forces ne peut imposer sa volonté aux deux autres. Ces trois forces se neutra- lisant et ne pouvant imposer leur volonté, le bien commun en sorti- rait gagnant. On peut distinguer le républicanisme classique du répu- blicanisme moderne. Le premier repose sur une vision organique de la république au sein de laquelle les trois éléments de la société se rassemblent dans la sphère publique afin de poursuivre ensemble le bien commun. Le républicanisme moderne repose plutôt sur une vision mécanique où les divers éléments d’une société poursuivent des inté- rêts divergents (c’est l’idée moderne d’une société pluraliste) mais qui, dans le but de protéger leur vie privée d’un despotisme public, s’entendent pour constituer un régime complexe où les divers pou-
    par sa nature aristocratique et contraire à la démocratie. La « démo- cratie » moderne est donc une aristocratie « représentative », « popu- laire », « élective » ou « libérale » qui se cache sous le nom trompeur de « démocratie » suite à des jeux rhétoriques motivés par des luttes politiques13. Pour la suite de cette discussion, le mot « démocratie » désignera un régime dans lequel le peuple se gouverne lui-même directement, un usage qui respecte le sens que ce mot a eu pendant près de deux milles ans dans la tradition philosophique.
    3- DÉMOCRATIE ET ANARCHIE : UNE CONFUSION MATHÉMATIQUE
    La relation mathématique établit par la tradition philosophique entre la démocratie (réelle et directe) et l’anarchie se fonde sur une erreur conceptuelle en philosophie politique en ce qui concerne les tentati- ves de comprendre ce qu’est l’anarchie. Si le despotisme (le règne d’un seul individu — le despote) ne peut être distingué d’un point de vue mathématique de la monarchie (également le règne d’un seul individu — le roi), pas plus que l’oligarchie (le règne d’une mino- rité corrompue) de l’aristocratie (le règne des meilleurs), il existe tou- tefois une différence mathématique claire entre la démocratie et l’anar- chie. D’un point de vue étymologique, « anarchie » vient du mot grec anarkhia, la racine an signifiant « sans » et arkhia signifiant « chef mili- taire », qui désignera par la suite simplement un chef ou un dirigeant. D’un point de vue étymologique, « anarchie » veut donc dire absence de chef. D’un point de vue mathématique, cela signifie zéro (aucun) chef. Si l’on se réfère à des exemples historiques d’anarchies (des com- munes libres, des squats, des groupes militants, etc.), on constatera qu’il n’y a pas d’autorité formelle et officielle, pas de chef(s). Et pourtant, l’anarchie est une forme d’organisation politique dans laquelle (1) tous les membres peuvent participer directement au processus de prise de décision qui est délibératif et collectif, et lors duquel (2) sera recher- ché l’atteinte de consensus. Conséquemment, l’absence de chef ou de despote ne signifie pas l’absence de politique et de procédures collec- tives de prise de décision. En anarchie, il n’y a pas de chef(s) ou d’au- torité exerçant un pouvoir coercitif sur des personnes, car toutes (se) gouvernent ensemble de façon consensuelle, c’est-à-dire qu’elles sont toutes d’accord avec la décision collective.
    Introduire l’anarchie en tant que régime politique légitime implique donc de contester l’autorité d’une certaine tradition en phi-
    losophie politique, tout particulièrement en ce qui concerne la défi- nition de la démocratie inspirée de considérations mathématiques. En effet, quelques philosophes politiques définissent la démocratie comme le règne de la majorité, mais plusieurs comme le gouverne- ment par tous14. La confusion mathématique est le résultat d’un man- que de distinction entre le processus délibératif collectif et la prise de décision elle-même. En termes conceptuels et organisationnels, il peut sembler à première vue difficile de distinguer la démocratie et l’anarchie : les deux régimes fonctionnent grâce à une assemblée géné- rale à laquelle tous les citoyens peuvent participer et les deux régi- mes n’ont pas de chef(s). Mais qui dit démocratie (directe) ne dit pas absence d’autorité politique et de coercition. En démocratie, l’assem- blée détient et exerce l’autorité qui lui permet — au nom de la volonté générale — d’obliger quiconque à lui obéir. Conséquemment, il peut paraître exact d’affirmer que tous les membres gouvernent en démo- cratie si l’on se réfère au droit pour toutes personnes jouissant du titre de citoyen de participer au processus délibératif de prise de déci- sion, soit d’entrer à l’agora pour participer à la délibération popu- laire. Et pourtant, une assemblée populaire démocratique ne cherche à pas à obtenir le consensus. Aux termes de la délibération, la majo- rité (c’est-à-dire plusieurs, mais non pas tous) imposera sa volonté à la minorité. La démocratie, c’est donc le règne de la majorité. En ce qui a trait à l’autorité et à la coercition, la démocratie est un régime où la majorité (plusieurs) règne sur la minorité, et non pas un régime où les décisions sont celles de tous les membres de la communauté (consensus).
    Si l’on s’en tient à la logique mathématique de la tradition de la philosophie politique occidentale, l’anarchie (le gouvernement par tous) doit donc être distinguée de la démocratie (le règne de la majorité). Mathématiquement, « tous » et « majorité » ne sont pas synonymes et il n’y a pas de correspondance mathématique entre une démocratie (le règne de la majorité) et l’anarchie (le consensus unanime). Dès lors, affirmer — comme le font les philosophes — que l’anarchie est la forme pathologique de la démocratie équivaut à commettre une erreur mathématique. L’anarchie ne peut pas être la forme pathologique de la démocratie pour la simple raison que l’anarchie et la démocratie ne sont pas semblables d’un point de vue mathématique.

    4- L’ANARCHIE EN TANT QUE RÉGIME POLITIQUE : CONSIDÉRATIONS POLITIQUES
    En respectant la règle mathématique de la typologie traditionnelle, il est logique d’ajouter l’anarchie non pas comme une forme corrom- pue du régime démocratique, mais plutôt comme une forme particu- lière d’organisation politique où personne n’exerce son pouvoir sur d’autres. Trois questions surgissent alors. Premièrement, est-il légi- time de dire qu’une communauté anarchiste où il n’y a plus de gou- vernement constitue un « régime » politique ? Deuxièmement, s’il s’agit bien d’un régime, est-il viable et vaut-il la peine que l’on en discute sérieusement ? Une dernière question renvoie enfin à l’élé- ment qualitatif des régimes: quelle est la forme pathologique de l’anarchie ? Ces interrogations méritent réponses.
    L’ANARCHIE EST-ELLE UN RÉGIME POLITIQUE ?
    Il faut ici distinguer les concepts « gouverner », « autorité », « coerci- tion », « pouvoir » et « violence » pour mieux comprendre la spécifi- cité de l’anarchie. Si l’on s’inspire librement de la distinction que propose la philosophe Hannah Arendt, une autorité politique (exercée par une personne, une minorité ou la majorité) dispose de moyens coercitifs, c’est-à-dire qu’elle peut forcer physiquement un individu sur lequel cette autorité s’exerce à agir ou à ne pas agir au gré de la volonté de l’autorité. L’autorité politique dispose de moyens phy- siques d’imposer sa volonté de manière coercitive à des individus qui perdent du coup leur autonomie et leur liberté. La coercition n’est pas synonyme de « pouvoir », selon Arendt, mais de « violence » ou de menace de violence. Toute autorité est potentiellement coercitive et donc violente. Toujours selon Arendt, le pouvoir se distingue de la violence en cela qu’il se constitue collectivement : il est le résul- tat d’une volonté collective constituée à travers une délibération entre individus libres et égaux qui cherchent à s’entendre et se donnent le pouvoir — précisément — de réaliser des choses ensemble, de créer un monde commun15. D’un point de vue théorique, l’anarchie ne signi- fie pas tant l’absence de gouvernement que l’absence de chef(s), c’est- à-dire d’instance(s) officielle(s) d’autorité. Si l’on entend par régime politique une façon de gouverner une communauté pour en organi- ser la vie commune, l’anarchie doit être entendue comme le régime propre à des individus qui veulent vivre en commun dans un contexte de liberté et d’égalité réelles, sans être soumis à une autorité politi-
    que exercée par certains privilégiés. Les citoyens se donnent le pou- voir d’agir collectivement par leur participation collective à l’assem- blée, lors de laquelle le consensus est recherché (pour simplifier, je m’en tiens ici à la sphère « politique », bien que l’anarchisme soit également préoccupé par la liberté, l’égalité et l’autogestion dans d’au- tres sphères dont l’économie, l’amour et la sexualité, l’éducation, etc.).
    Si l’on reprend le mythe du contrat social, l’anarchie serait le résultat d’un contrat par lequel les contractants décident de vivre en commun pacifiquement mais sans déléguer leur souveraineté et leur pouvoir de légiférer à une autorité politique distincte de l’en- semble des citoyens. Il y aurait donc une assemblée populaire où seraient discutées les orientations communes, mais cette assemblée chercherait à atteindre le consensus plutôt qu’à dégager une simple majorité et cette assemblée ne disposerait pas d’un appareil coerci- tif lui permettant d’imposer son autorité (la coercition étant inutile lorsque tout le monde sont d’accord).
    L’ANARCHIE EST-ELLE VIABLE ?
    Les remarques qui précèdent démontrent qu’il est possible de pen- ser l’anarchie comme un régime politique par lequel une commu- nauté accepte de se gouverner sans autorité, c’est-à-dire sans coer- cition ni violence. Cette définition conceptuelle de l’anarchie doit être comprise dans le cadre de la théorie politique. La pratique poli- tique répond bien évidemment à d’autres impératifs quand elle s’in- carne dans un monde qui n’est pas, bien sûr, aussi clair et ordonné que les typologies philosophiques. Savoir si un tel régime anarchiste est possible d’un point de vue militaire, économique ou culturel, par exemple, est sujet à débat. Ce débat mérite d’être mené, mais trop souvent les philosophes ont tout simplement évité de réfléchir et de discuter de l’anarchie en affirmant qu’il s’agissait d’un régime non- viable.
    Dans le monde politique réel, l’anarchie, tout comme les autres régimes, fait face à divers défis qui menacent sa stabilité et sa cohérence. Et pourtant, de très nombreuses sociétés dites tradi- tionnelles ont fonctionné parfois pendant des millénaires sans auto- rité politique (ni État, ni police) : les Inuits, les Pygmées, les Santals en Inde et les Tivs au Nigéria. Plus récemment, des expériences d’or- ganisations anarchistes ont eu lieu à grande échelle (lors de l’Espagne révolutionnaire de 1936-39, par exemple) et à petite échelle (dans des communes ou des groupes politiques libertaires)16.

    Des philosophes tels que Marx, Nietzsche et Foucault, ainsi que des sociologues et des anthropologues, ont signalé avec force que la question du pouvoir, de sa conservation et de ses effets de domi- nation et des réactions de résistance, ne peut être limitée à la seule structure officielle du régime politique. Qui évoque ces sociétés tra- ditionnelles sans État ni police n’affirme donc pas nécessairement qu’il n’y a là aucun rapport de force ni de situations de domination. Dans le même esprit, on ne doit pas présumer qu’un processus de prise de décision anarchiste est exempt de tensions et de paradoxes sociaux et psychologiques. La recherche du consensus est un proces- sus complexe lors duquel peuvent surgir des dynamiques sociales et psychologiques de normalisation, d’autocensure, d’exclusion, etc.17. Des rapports d’influence s’articulent inévitablement autour d’enjeux symboliques dans une société anarchiste. L’anarchiste réaliste ne rêve donc pas d’un monde sans conflit ou sans domination. Mais ce qui est vrai pour l’anarchie est également vrai pour les autres types de régimes politiques: il existe une multiplicité de formes, de réseaux d’autorité et de domination informelles dans une monarchie, une aris- tocratie, une démocratie et une république. Ceci demeure vrai même si ces régimes prétendent être institués pour le bien commun. Un anarchiste réaliste ne rêve pas d’un monde sans conflit ni domina- tion. Les anarchistes, souvent inspirés en cela par les féministes radi- cales, ont imaginé et expérimenté plusieurs méthodes pour répondre aux problèmes des inégalités et des dominations informelles dans leurs communautés et leurs groupes politiques. Parmi ces méthodes, on peut mentionner la distribution de la parole en assemblée par alter- nance entre les hommes et les femmes (parce que les hommes en Occident sont généralement plus enclins que les femmes à parler en public, ce qui leur donne plus d’influence dans les délibérations18) et l’attribution en priorité de la parole à une personne qui ne s’est pas encore exprimée en assemblée, alors que d’autres demandent la parole pour une seconde fois, ou plus. Il est aussi possible de pratiquer des jeux de rôle qui aident à identifier les inégalités quant à la capacité d’influence, ou encore de permettre la formation temporaire ou per- manente de groupes non mixtes constitués de membres de sous-com- munautés moins influentes (les femmes, par exemple) pour les aider à développer leur estime de soi et des stratégies face aux sous-com- munautés plus influentes (les mâles, par exemple). En d’autres mots, et tout comme dans les autres types de régimes politiques, les com- munautés anarchistes ne proposent pas toutes exactement les mêmes
    procédures quand au processus de prise de décision. Ces communau- tés peuvent adopter et adapter des procédures et des pratiques parti- culières pour faire face à diverses mises à l’épreuve de leurs princi- pales valeurs (liberté, égalité, solidarité, consensus, bien commun) et elles peuvent les modif ier au f il du temps et des expériences.
    QUELLE EST LA FORME DÉGÉNÉRÉE DE L’ANARCHIE ?
    Si la tyrannie de la majorité19 est la forme dégénérée de la démocra- tie, quelle est la forme dégénérée de l’anarchie ? C’est le chaos, c’est- à-dire l’absence d’organisation collective politique de la vie com- mune. Ici, l’introduction de l’anarchie dans la typologie des régimes politiques révèle, tout en le remettant en cause, le simplisme du schéma mathématique tel que proposé traditionnellement. En effet, un individu, une minorité ou une majorité qui détient l’autorité peut gouverner pour ses seuls intérêts qui sont incompatibles avec le bien commun. Mais si tous gouvernent par consensus, ils ne peuvent pri- vilégier leurs intérêts au détriment du bien commun. Cela ne signi- fie pas qu’une assemblée anarchiste prend toujours des décisions sages et les exécute de manière cohérente. Les anarchistes peuvent com- mettre des erreurs et exécuter une décision prise par consensus d’une manière telle qu’elle provoquera des problèmes inattendus pour la communauté, ce qui nuira au bien commun. Un consensus implique toutefois en principe que la décision est prise par tous pour le bien de tous, et non pour le bien de quelques-uns. Même si une décision consensuelle concerne spécifiquement une partie seulement de la com- munauté (les femmes ou les jeunes, par exemple), elle est pensée en référence au bien commun — à tout le moins en référence aux prin- cipes communs (liberté, égalité, solidarité). Le consensus est donc par définition associé au bien commun. Mais atteindre le consensus n’est pas toujours chose aisée. De plus, dans le cadre conceptuel de l’anar- chie, un seul individu a la capacité de bloquer le processus en s’op- posant à la majorité dans la mesure où il peut bloquer l’atteinte du consensus en exprimant son dissensus. Si la pression du groupe est trop forte, l’individu qui est en désaccord avec les autres peut déci- der de se retirer de la communauté et ne sera plus lié à la décision consensuelle, ni à son exécution. Il faut noter d’ailleurs que les grou- pes militants anarchistes accordent souvent le droit à un individu qui est en désaccord avec la majorité, de s’abstenir ou de se dire «en retrait » lors d’un processus de prise de décision si son malaise face à la décision ne résulte pas d’un désaccord fondamental, ou encore le droit de «bloquer» (veto) la décision lorsqu’il a une raison fon- damentale de s’opposer à la majorité. Ces membres qui s’abstiennent et qui bloquent peuvent agir par respect pour le bien commun s’ils pensent que la majorité se trompe. De telles méthodes peuvent relan- cer la délibération et conduire la majorité à reconsidérer sa position et changer d’opinion, si la position du ou des dissidents apparaît au fil des débats comme la meilleure pour la défense et la promotion du bien commun. Dans la pratique, le consensus n’est donc pas syno- nyme d’unanimité et les communautés anarchistes peuvent fonction- ner même si des membres s’abstiennent ou bloquent une décision de temps en temps.
    Cela dit, l’anarchie est menacée de dégénérer si de telles atti- tudes — le retrait ou le blocage — sont inspirées par des intérêts égoïstes, plutôt que par des considérations pour le bien commun, ou si la majorité décide qu’il est dans son intérêt de passer outre la voix des dissidents. Dans une telle situation, un individu, une minorité ou une majorité, insatisfait quant au processus de prise de décision ou quant à la décision elle-même, peut déclarer que le processus consen- suel devrait être remplacé par une autre forme de processus décision- nel (par un individu, une minorité ou une majorité)20. Une telle crise peut mener à un renversement de l’anarchie et à l’instauration d’une
    ARTICLES monarchie, d’une aristocratie ou d’une démocratie. Ces régimes poli- tiques peuvent en effet être perçus par certains comme des solutions 13 aux problèmes rencontrés en anarchie, ou être privilégiés parce qu’ils serviraient mieux leurs intérêts personnels. Il y a donc une tension
    — une rivalité mutuelle — entre les régimes. Cela dit, si la crise reste circonscrite dans le cadre conceptuel et politique de l’anarchie, le régime passe de sa forme pure à sa forme dégénérée, soit le chaos, c’est-à-dire la dissolution de la com- munauté et du processus de prise de décision collectif. Il n’y a dès lors plus de communauté ni de politique, puisque plus personne ne gouverne la communauté. Selon la perspective mathématique, on passe du tout (anarchie) au zéro (personne ne gouverne, c’est donc le chaos). Il n’y a donc pas de correspondance mathématique entre l’anarchie et sa forme dégénérée. L’anarchie est l’autogestion par tous, sa forme dégénérée est la dissolution du politique, soit une situation où plus personne ne gouverne, où chacun ne poursuit que ses intérêts per- sonnels au détriment de ceux des autres21. Il découle de cette discus- sion une nouvelle typologie schématisée dans le tableau ci dessous.
    TABLEAU 2 : NOUVELLE TYPOLOGIE OÙ L’ANARCHIE EST UN MODÈLE TYPE QUI
    GOUVERNE ?
    DANS QUEL BUT ?
    POUR LE BIEN COMMUN (JUSTE)
    POUR SES INTÊRETS (INJUSTE)
    PERSONNE
    CHAOS
    UN SEUL MONARCHIE DESPOTISME
    UNE MINORITÉ LA MAJORITÉ TOUS ARISTOCRATIE DÉMOCRATIE ANARCHIE
    OIGARCHIE
    TYRANNIE (DE LA MAJORITÉ)
    4- ANARCHIE : ENTRE LE MACROPOLITIQUE ET LE MICROPOLITIQUE
    Si l’on accepte de penser l’anarchie dans sa forme non dégénérée, on peut adopter une vision soit pessimiste, soit optimiste. Pour l’anar- chiste optimiste, c’est uniquement dans un régime sans autorité(s) for- melle(s) qu’il est possible d’atteindre le bien commun. Selon l’anar- chisme en tant que philosophie politique, en effet, les individus en poste d’autorité n’aident en rien la paix sociale ni l’atteinte du bien commun. L’exercice même d’une autorité formelle change la psycho- logie et l’attitude sociopolitique de celui ou de ceux qui l’exercent de façon telle qu’ils en viennent à défendre et à promouvoir en prio- rité leur propre autorité plutôt que le bien commun. En bref, comme l’exercice de l’autorité corrompt inévitablement celui qui l’exerce, tout régime acceptant l’autorité formelle est corrompu et incapable de défendre et de promouvoir le bien commun. Conséquemment, l’anarchie offre la seule solution conceptuelle et pratique pour l’at- teinte du bien commun entendu comme le bien de tous les membres d’une communauté.
    Considérant avec une telle méfiance l’autorité politique, l’anar- chiste serait tenté de pratiquer un simplification arithmétique où l’on se retrouverait avec une combinaison binaire: d’un côté l’anarchie, de l’autre la tyrannie qui désigne toutes les autres formes de régimes politiques. Mais les tenants des républiques ou régimes mixtes (Aristote, Montesquieu, Madison) imposent à l’anarchiste plus de rete- nue. Quoique imparfaites, l’équilibre relatif des forces politiques offi- cielles (entre le présidence, la chambre haute et la chambre basse) et leur séparation (entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire), ainsi que les Chartes des droits adoptées par de nombreuses républiques libé- rales, permettent d’éviter — en principe — que l’autorité politique ne soit que pure violence. Pourtant, la « démocratie » moderne man- que, en dépit de son mode d’organisation institutionnel d’inspiration républicaine, d’un véritable élément démocratique : il n’y a pas d’as- semblée populaire où le peuple peut exprimer directement sa volonté. Un tel manque encourage les tendances autoritaires au sein des répu- bliques modernes. De plus, même si un tel élément démocratique était intégré par les républiques modernes, cela ne ferait qu’y ajouter une forme supplémentaire d’autorité, soit celle de la majorité.
    Un anarchiste pessimiste dira que l’idée même de « bien com- mun» est une invention des gouvernants pour berner les gouvernés. Aussi bien des monarques que des aristocrates et des représentants ont prétendu gouverner pour le bien commun. Selon les anarchistes pessimistes, chaque société est constituée d’intérêts divergents, voire opposés, et il y aura toujours un ou quelques individus qui n’accep- teront pas la manière d’être anarchiste et contre qui le régime anar- chiste devra exercer une certaine forme de coercition (en les excluant ou en les éliminant). Plus problématique encore, il y aurait une plu- ralité de manières d’être anarchiste et des individus s’autoproclamant « anarchistes » seraient sans doute incapables de s’entendre au cours d’un processus délibératif consensuel sur une définition du bien com- mun et encore moins sur la manière de le défendre et de le promou- voir. En ce sens, un régime anarchiste n’est qu’un idéal-type à jamais inachevé.
    Une telle tension entre l’anarchisme optimiste et pessimiste n’empêche pas l’anarchie de trouver sa place dans la philosophie poli- tique en tant que type de régime qui peut inspirer la pensée plutôt que provoquer les moqueries et la haine. Le silence dont fait preuve la philosophie politique à l’égard de l’anarchie comme type de régime éventuellement légitime prive l’imaginaire politique d’un sujet stimu- lant de réflexion. L’anarchisme invite également à ne pas penser le politique exclusivement en termes globaux et stratégiques. La tradi- tion philosophique qui s’articule autour de la typologie des régimes tend à concevoir les communautés politiques comme des ensembles définis dans leur globalité par la nature de l’autorité politique qui les chapeaute. Des penseurs classiques de l’anarchisme, comme Proudhon et Kropotkine, des anarchistes contemporains comme John Clark et
    Todd May, ainsi que des philosophes politiques comme Michel Foucault et les « postmodernistes », indiquent de diverses façons d’au- tres pistes de réflexion et la pensée peut découvrir à les suivre un monde politique composé de marges, d’interstices, d’entrelacs et de rapports de forces tactiques22.
    L’Occident est aujourd’hui dominé par des régimes impurs, incarnant les principes traditionnels du républicanisme: équilibre et séparation des diverses autorités. Sur les territoires qu’ils occupent peuvent toutefois apparaître des lieux où la politique se vit selon d’au- tres principes. L’anarchisme est une philosophie politique qui anime tout mode non autoritaire d’organisation politique, en partant d’un niveau local et dissimulé dans l’ombre de la vie quotidienne. Conséquemment, elle peut s’incarner aussi bien au sein de groupes politiques que dans des squats, des journaux et des maisons d’édi- tions, des entreprises autogérées, etc. L’anarchisme peut être vécu ici et maintenant, et différentes conceptions de l’anarchisme inspirées par des sensibilités et des expériences particulières peuvent mener à des organisations distinctes les unes des autres23. Le rejet radical de l’anar- chisme par les philosophes politiques qui affirment que sa réalisation est impossible n’est donc pas raisonnable et appauvrit notre réflexion philosophique et notre compréhension de la complexité de la réalité politique.

    note:
    -il est tard je suis crevé alors s'il vous plait ne chippotez pas sur les detail merci
    -je ne suis pas responsable de ce que type a écrit mais bon j'ai pensé que il a le droit de dire ce qu'il pense
    -des fois ya des nombres a des fins de mots, je sais pas ce que c'est (copier-coller surement ^^)
    :ecouteurs:
    :a: ENJOY :a:
     
    Dernière édition par un modérateur: 14 Janvier 2011
      Partager
  2. Bajicof

    Bajicof Faux-Keupon Membre actif


    1 874

    7

    65

    30 Septembre 2008
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    Les postes monstrueux, ben sa décourage à lire.
     
  3. Brok

    Brok Ni religion/ni politique Membre actif


    775

    2

    1

    31 Juillet 2008
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    Y aurait moyen de sauter des lignes...etc. redre le truc plus aériens... Là je peux pas trop paté... Mais le début est intéressant
     
  4. Timyo94

    Timyo94 Petit AnArchiste Membre actif


    56

    0

    3

    10 Janvier 2011
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    ok je vais voir ce que je peu faire
     
  5. Timyo94

    Timyo94 Petit AnArchiste Membre actif


    56

    0

    3

    10 Janvier 2011
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    dis sa vous arrangerais si je vous passe l'orignal en PDF
    si oui cliquez sur le lien suivant:
    http://www.megaupload.com/?d=M6NS0RWY
    parce que la ya des bug en tout genre dsl pour sa
    enjoy :a: :antifa:
     
  6. Zaïre

    Zaïre Undercover Stonehead Membre actif


    1 615

    5

    147

    6 Septembre 2009
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    Merci, très bon texte :thumbsup:
     
  7. Timyo94

    Timyo94 Petit AnArchiste Membre actif


    56

    0

    3

    10 Janvier 2011
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    ya pas de quoi (un jour faudrais que je le lise un jour ;) ) xD
     
  8. Mamelon

    Mamelon Membre actif


    381

    0

    2

    2 Octobre 2008
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    quelqu'un peut vérifier si c'est pas un virus ou autre cochonnerie

    Ça sent le troll.
     
  9. Timyo94

    Timyo94 Petit AnArchiste Membre actif


    56

    0

    3

    10 Janvier 2011
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    lol c'est clair mais tu sais personne ne t'oblige a le telecharger et sa fait parti des risques a prendre mais moi je te dis qu'il ny a aucun problème
     
  10. Capitaine Kiki

    Capitaine Kiki Kawaii ! Membre actif


    1 245

    13

    136

    9 Mai 2009
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    Quand tu post un texte, d'autant plus un texte qui à l'air sérieux, il faut quand même le lire. Il n'y a aucun sens à copier-coller un texte dont tu n'as pas la connaissance.
     
  11. Timyo94

    Timyo94 Petit AnArchiste Membre actif


    56

    0

    3

    10 Janvier 2011
    Re : L’anarchie En Philosophie Politique1 Réflexions Anarchistes Sur La Typologie Traditionnelle Des Régimes Politiques Francis Dupuis-déri Professeur, Département De Science Politique, Articles

    ouai je sais je déconnait juste t'en fais pas